Déclaration de Guerre ?

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« Monsieur l'Ambassadeur, nous arrivons dans 15 minutes à la porte numéro 12.
- Très bien merci. Je me tiens prêt. »

Le voyage depuis Gotha n'avait duré que deux heures. Le temps pour Lusirus d'étudier les rapports ultra confidentiels que le Cercle Shankari avait transmit à l'administration de l'Alliance suite à sa mission de reconnaissance dans l'espace Krim.
Le document, écrit en terme militaire Shankar que le Tépès avait parfois du mal à saisir, était sans équivoque et précisé une grande menace Krim sur une base construite sur une planète tellurique.
Les Krims y avaient plusieurs navires et engins de guerre représentant une grande menace pour la sécurité de l'Alliance.
C'était ce qu'affirmé le rapport Shankar mais Lusirus savait que cela n'allait pas faire bouger les positions du Conseil des Régents.
Le Cercle Shankari avait été attaqué, on l'avait autorisé à faire une mission de reconnaissance et cela s'arrêtait là.
Le rapport mentionnait un accrochage avec une flottille Krim, les Shankar avait même pu se venger comme ils l'avaient voulus.

Mais c'était sans compter sur une intervention imprévue, extérieur à l'Alliance.
En effet, les Yruliens, un peuple indépendant situé dans une contrée en bordure de l'univers, avaient fait une demande à l'Atrium pour avoir l'autorisation d'y mener un débat sur la menace que représenter les Doriphores.
Lusirus n'était pas sans savoir que les Doriphores n'était autre que le nom donné aux Krims par les Yruliens. Par le passé, les deux peuples s'étaient affrontés dans une guerre sanglante. Au prix d'énorme sacrifice, les Yruliens avaient réussi à repousser les krims, mais seulement pour un temps.

C'était pour cela que Lusirus se trouvait à bord de sa navette Luxuria sur la route d'Ataraxie, l'obligeant à annuler son voyage diplomatique sur sa planète natale.

« Monsieur l'ambassadeur, une communication Shankar vient de nous parvenir. Il s'agit de votre homologue du Cercle, monsieur Glen d'Arnor.
- Transmettez le moi. »

Sur l'écran géant de la luxueuse chambre de l'ambassadeur apparu un visage sans bouche qui ne pouvait appartenir qu'à un Shankar.

« Monsieur d'Arnor.
Je viens justement de finir de lire le rapport de votre état major.
C'est une impressionnante armée que nous présentent les krims sur cette petite planète. Je ne suis toutefois pas certain que le Conseil des Régents changera d'avis sur une attaque.
Mais auquel cas, vous avez tout ce qu'il vous faut pour combattre ces parasites ? Comment se passe cette alliance temporaire avec l'Empire Hermice ? »

La rencontre avec le Prince Tarasque datait déjà de près d'un mois. Le Cercle et l'Empire s'étaient sûrement rencontrés pour un échange de bon procédé.

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Destroyer diplomatique Luminae Alias, vaisseau officiel du représentant de Dilawa au Conseil des Régents.
Orbite de Dilawa Palor, planète-mère du Cercle Shankari.

Après les évènements ayant conduits à l’intervention du Cercle dans l’espace de la Suprématie Krim, près d’un mois auparavant, Glen d’Arnor était retourné sur Dilawa. La fin de sa mission, la nécessité de discuter de l’alliance avec l’Empire Hermice et autres dossiers lui avaient permis de retrouver le corps politique, diplomatique et militaire du Cercle pour quelques réunions d’importance. En plus de cela, il s’était autorisé un peu de repos, après plusieurs mois assez chargés. Mais voilà, la Sixième Flotte n’était pas forcément revenue avec de bonnes nouvelles : la tentative avortée d’attaque sur cette dernière et la découverte d’une importante base avancée de la Suprématie, venaient de montrer que les Krims pourraient dans un futur proche -ou lointain, personne ne le savait vraiment- être source d’ennuis pour l’Alliance. Malgré la transmission au Conseil des Régents de la quasi-totalité des enregistrements de la Sixième Flotte et des frégates Ombres, d’un rapport de l’Amirauté du Cercle, contresigné par son commandant suprême, le Régent du Cercle et les chefs de diplomatie, le Conseil n’avait pas vraiment changé de position. Une attaque, une réponse, c’était ce qui avait eu lieu et c’est ce que voulait l’Alliance, rien de plus. Pour le Cercle, les choses se devaient d’être claires. Dans ce conflit, ils étaient la civilisation interplanétaire la plus exposée, et la plus concernée. Si jamais les choses venaient à dégénérer dans le secteur de conflit, alors les flottes Shankaris ne pourraient pas éviter éternellement les affrontements, tout comme la défense planétaire du Cercle. Un jour ou l’autre, viendrait cette nouvelle guerre. Pour le moment, la Suprématie était stoppée nette dans ses rêves de grandeurs par l’Empire Hermice, le Cercle Shankari et la Ligue de Delos. Sur le plan stellaire, elle était encerclée, sans possibilité de s’étendre, ce qui ne faisait que renforcer sa volonté de dominer les autres… Ou plutôt de les détruire. Au sein du Cercle, beaucoup en était convaincus : le conflit était inévitable, et bien que la volonté du Cercle était de préserver la paix, un vieil adage revenait de plus en plus souvent : si tu veux la paix, prépare la guerre. D’Arnor, ancien amiral des flottes Shankaris à l’époque de Rénéga, était de cet avis, tout comme une bonne partie du haut-commandement coalisé. Aengus, le chef de la diplomatie du Cercle, le Régent, et une grande partie du corps politique, eux, préféraient être prudent. Quant à l’opinion publique, bien que des informations filtraient via l’unisphère, une infime partie savait ce qui se tramait réellement. La situation était une nouvelle fois bloquée, mais sans compter sur la requête inattendue d’un empire non-affilié à l’Alliance.

Quelques heures plus tôt, quartiers de la Régence, Dilawa Palor.

Les quartiers de la Régence étaient parmi les bâtiments les plus surveillés de Dilawa, car s’y regroupaient le Régent, les diplomates, le Conseil du Cercle. D’Arnor, les coudes posés sur son bureau et les mains soutenant son menton, regardait attentivement ce que venait de lui envoyer Aengus. Ce dernier pénétra un peu plus tard, accompagné du Régent en personne.

« -Régent, ambassadeur.
-Glen, content de vous voir.
-Merci, Régent. Permission de parler franchement ?
-Laissez tomber la rigueur militaire, je ne vous appelle plus amiral. Allez-y.
-Avec tout le respect que je vous dois, Régent, c’est quoi cette histoire ? »

Le petit Shankar –doux pléonasme- haussa les épaules. Visiblement, même lui ne savait pas quoi penser de tout ça.

« -Il n’y a pas grand-chose de plus à dire que ce que vous avez sous les yeux. La Ligue veut que l’Alliance mène une réflexion sur la menace que représente selon elle la Suprématie.
-Ben voyons. Manquerait plus qu’un empire indépendant vienne mettre son nez dans nos affaires. Cela étant, ça change pas mal de choses.
-C’est-à-dire ?
-L’Empire Hermice est déjà allié, quoique le terme est un peu fort, avec le Cercle. Si la Ligue de Devos est en guerre avec les Krims, et qu’une sorte de coalition contre la Suprématie se forme, l’Alliance ne pourra pas laisser passer ça comme ça. Je veux dire, à trois ou plus contre un, la Suprématie risque d’avoir des problèmes. Elle ne pourra pas gérer trois fronts simultanément.
-Vous en êtes sûr ?
-Aucun empire de cette taille ne peut s’opposer à trois empires équivalents, voir plus puissants en ce qui nous concerne, réunis. Après, je ne dis pas non plus que cela sera un jeu d’enfant.
-Je m’en doute. Que pensez-vous que nous devons faire ?
-Vous connaissez très bien mon point de vue sur le sujet, Régent. Je ne suis pas opposé à une intervention militaire.
-Pas opposé ? Aengus sourit. Dîtes plutôt favorable.
-Le Cercle veut préserver la paix, Aengus, et je crois aussi en cette idée. Alors j’essaie de combiner les deux. Toujours est-il que nous devrions accepter de rencontrer la Ligue. Cela me parait une bonne idée.
-Je l’approuve aussi.
-Bien, conclut le Régent, comme ça l’affaire est réglée. D’Arnor, vous repartez pour Ataraxie, nos positions resterons les mêmes. »

Dans l’heure, la navette de Glen d’Arnor pénétrait le hangar du Luminae Alias, et le vaisseau modifié manœuvrait vers la porte stellaire en orbite de Dilawa, prenant priorité sur les autres vaisseaux en attentes. Après tout, on ne faisait pas attendre un des personnages les plus influents du Cercle. Alors qu’il patientait dans sa cabine, un de ses attachés au Conseil vint frapper à son écoutille.

« -Ambassadeur, nous allons être quelque peu retardés.
-En quel honneur ?
-Situation d’urgence. Un vaisseau vient d’avoir une panne de moteur prêt de la porte, les contrôleurs doivent d’abord le dégager, avant qu’il ne se fasse télescoper.
-Très bien, combien de temps ?
-En comptant le temps d’attente déjà prévu, nous sauterons dans une heure. Vous pourrez ensuite compter environ trois heures des trajets.
-Ça ira. Je veux parler à l’Ambassadeur Gomor, de Gotha. Salle de conférence.
-A vos ordres, amiral. »

D’Arnor sourit. Le Shankar qui venait de dire ça avait été son aide de camp et membre de son état-major au sein de la flotte. Quand l’amiral était devenu diplomate, il avait embarqué avec lui plusieurs personnes de confiance.

« -Désolé capitaine, mais je n’ai pas sorti les galons. Je devrais, un jour. Je suis sûr que ça serait joli dans la salle du Conseil.
-Vous risqueriez de déclencher une belle pagaille plutôt ! Du genre, je viens pour rentrer en guerre.
-Un point pour vous ! Prévenez-moi un quart d’heure avant le saut.
-Compris. »

D’Arnor descendit ensuite en salle de conférence, et attendit que le canal avec le représentant de Gotha se ne soit ouvert. Cela se fit en moins de temps que prévu : visiblement, le diplomate était lui aussi à bord d’un vaisseau, en direction d’Ataraxie. Les salutations protocolaires furent rapidement expédiées ; à ce stade, perdre ainsi du temps ne servait à rien.

« -Ecoutez, vous connaissez déjà ma position sur le sujet. Si la base Krim était pleinement opérationnelle, en terme de vaisseaux j’entends, même la Sixième Flotte n’aurait pu la détruire en une seule salve et sans dégâts. Il y a aux portes de l’Alliance une menace non-négligeable, et quand elle viendra frapper à notre porte, il faudra faire quelque chose. Bref. Figurez-vous que je trouve l’accord avec les Hermices plus profitable que prévu, du point de vue militaire, et je ne parle pas des retombées économiques. Fulgure a envoyé une équipe d’ingénieurs pour aider les Hermices sur leurs vaisseaux, pendant que les blouses blanches de la flotte se penchaient sur les configurations d’armement de l’Empire. Nos analyses n’étaient pas si mauvaises, mais il est vrai que leur armement semble plus efficace que le nôtre, du moins contre les Krims. Il va falloir laisser tomber les armes cinétiques, et miser sur du calibre explosif. Le seul problème reste la protection contre les attaques Krims : tout repose sur la solidité de nos coques et la résistance de nos blindages. Nous travaillons également dessus, en nous basant sur quelques découvertes sur les épaves de la Suprématie. Nous avons également renforcé nos flottes sur les défenses frontalières afin de parer à toute attaque… Et une de nos forces planétaires est en cours de redéploiement. »

D’Arnor aurait eu un petit sourire, s’il avait doté d’une bouche, en pensant à la possible réaction de l’ambassadeur de la Royauté du Béleste, Heliott Armass ; si ce dernier savait, et il finirait par le savoir, qu’une armée d’invasion Shankari se déployait aux frontières de l’Alliance… Pour l’heure, il n’était que question de la défense du Cercle en cas d’agression, mais savait-on jamais… Le représentant de Dilawa fit une de ses traditionnelles pauses, en profitant pour jeter un œil au temps qui lui restait avant de passer la porte et de rejoindre Ataraxie, où devaient certainement déjà attendre certains membres du Conseil des Régents.

« -Ah oui, j’ai failli oublier ce pourquoi je voulais vous parler : je tiens à préciser notre position sur le sujet. Le Cercle est favorable à une rencontre avec les représentants de la Ligue de Devos. Je sais, venant de celui qui s’opposait à une rencontre avec l’Empire Hermice, cela peut être étrange, mais ma position a quelque peu évoluée, et la Ligue n’est pas l’Empire. L’objectif premier n’est pas pour nous de sortir de ces discussions avec une alliance tripartite contre les Krims, mais le point de vue d’un autre acteur du conflit et ancien vainqueur des Krims peut être intéressant. Néanmoins, s’ils nous demandent de réfléchir à la dangerosité des Krims, cela veut certainement dire qu’ils ne pensent pas pouvoir leur tenir éternellement tête.»

Après quelques discussions, un message attira l’attention d’Arnor. Ce dernier détourna rapidement la tête de son interlocuteur, avant de la redresser.

« -Désolé ambassadeur, mais je vais devoir vous laisser. Mon destroyer va bientôt passer la porte de Dilawa. Nous nous reverrons sur Ataraxie, je suppose. »

D’Arnor prit congé, avant de remonter sur la passerelle pour assister à la disparition du Luminae Alias de l’espace conventionnel. Le noir, seulement brisé par la lumière d’Oxus et le halo bleuté émanent de la porte, laissa place à la lumière artificielle de la passerelle, tandis que les panneaux blindés fermaient toutes les ouvertures sur l’extérieur, par mesure de sécurité. L’accélération fut presque imperceptible. Seule une infime secousse secoua le vaisseau, qui pourtant, venait en un instant d’atteindre une vitesse inimaginable. D’Arnor redescendit dans sa large cabine, et jeta un coup d’œil au compte à rebours avant arrivée installé sur un des murs. Dans quatre à cinq heures, il serait à bord d’Ataraxie.

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La navette de l'ambassadeur de Gotha sortit de la porte stellaire numéro 12 dans l'orbite d'Ataraxie.
Devant les yeux des deux pilotes Tépès, la majestueuse station spatiale de l'Alliance entourée d'un nuage de vaisseaux en tous genres qui illustrait parfaitement ce qu'on appelait le « centre de l'univers ».

* * *

De retour dans ses appartements de fonctions sous le dôme d'Ataraxie, Lusirus préparait ses affaires pour la séance du conseil qui commençait dans moins d'une heure.
Sa secrétaire le dérangea pour l'informer qu'Heliott Armass était devant sa porte.

« Faite le entrer. » répondit-il un peu sèchement.

« Bonjour Lusirus.
- Bonjour Heliott.
- Comment s'est passé ce séjour sur Gotha ?
- Écourté par la demande des Yruliens. J'espère qu'ils ont une bonne raison de nous déranger alors qu'ils ont toujours refusé de faire partie de l'Alliance.
- Cela sera peut être l'occasion de resserrer les liens entre la Ligue et l'Alliance. S'ils ont besoin de notre aide je doute que l'Alliance le fasse sans rien attendre d'eux en retour. »

Lusirus referma sa mallette et l'emporta jusqu'à la passerelle où l'attendait sa navette Luxuria. Héliott l'accompagnait, ils avaient prévu de faire le trajet ensemble le temps de discuter un peu de la situation avec les krims.
Comme tous sujets de la royauté du Béleste, Héliott était opposé à toutes formes de guerre et sa position ne changerait pas.

* * *

L'Atrium des ambassadeurs étaient pleins et les caméras volantes du Cosmonet tournaient comme des mouches au dessus de la viande.
Heliott et Lusirus avaient prit place dans les sièges réservés aux membres du conseil des Régents. Tous étaient présent, Glen d'Arnor, représentant du Cercle Shankari était assis à deux sièges d'eux.
L'impatience était grande dans l'immense salle. Tout le monde attendait que le représentant de la Ligue de Devos monte au centre de l'Atrium pour y faire son discours.
On savait qu'il allait être question des Krims (ou des Doryphores), mais personne ne savait ce qu'allait vraiment dire l'Yrulien.

Après quelques minutes d'attentes, on vit apparaître le crâne gris et disproportionné du petit Yrulien.
Après avoir disposé ses papiers sur le pupitre devant lui, la salle fit silence peu à peu.
L'Yrulien allait s'adresser aux représentants de plus de 200 mondes différents et à quelques milliards de téléspectateurs à travers le Cosmonet.

« Mesdames et Messieurs les ambassadeurs. A travers vous c'est à plusieurs milliards de citoyens que la Ligue de Devos vient s'adresser. »

L'Yrulien parlait d'une voix forte et assurée. Visiblement, il maîtrisait la langue standard parfaitement. Ceux de son espèce étaient connus pour avoir des capacités d'apprentissage exceptionnelles.

« Ce n'est pas de l'aide que la Ligue est venue vous demander. Nous sommes ici pour vous mettre en garde face à la menace Doryphore, ces êtres belliqueux à la frontière de l'Alliance que vous appelez les Krims.
La Ligue a déjà combattu les Doryphores et a remporté la guerre qui les opposait. Mais ce fût au prix de milliers de morts et à l'annihilation d'une espèce entière qui nous était alliée.

Nous avons connaissance des lois de l'Alliance.
L'Alliance a pour but de maintenir la paix entre les nations de l'univers, mais les Krims ne sont pas une nation. Les krims ne sont pas un peuple. Ils n'ont aucune culture, aucune langue, aucun art. Ils ne savent construire, seule la destruction leur importe.
Les krims sont des animaux. Je ne dis pas ça pour les diaboliser, je ne dis pas ça pour métaphoriser leur barbarisme. Les Krims sont réellement des animaux.

Je vous ai rapporter plusieurs études de nos scientifiques. Nous avons fait plusieurs tests sur les larves Krims que nous avons capturé. Ces tests ont démontré qu'un krim n'est pas plus intelligent qu'une souris.
Nous avons par exemple comparé le comportement d'un krim dans un labyrinthe à celui d'un poisson quelconque. Le poisson s'est révélé plus rapides que le krim pour trouver la sortie.

Les Krims ne sont rien sans leurs hôtes. C'est l'hôte qui leur donne une intelligence égale à la notre. Mais cette intelligence ne leur appartient pas, ils nous la volent.

Maintenant, dite moi chers ambassadeurs de l'Alliance. Lorsqu'un de vos mondes colonisent une nouvelle planète et qu'il est confronté à une faune hostile, l'Alliance interdit-elle de combattre ces animaux ? Considère t-elle qui c'est trahir le maintient de la paix ? Affronter des animaux ne remet pas en cause cette paix que veut maintenir votre union. »

Un murmure monta dans la grande salle. Le représentant Yrulien avait fait distribué aux ambassadeurs le résultat de divers expériences sur les krims que la ligue avait effectué. Ces résultats étaient stupéfiants, il montrait combien les krims n'étaient rien de plus que de simple animaux dénué d'intelligence développée, de conscience et de capacités de raisonnement.

« Les krims sont des animaux qui sont parvenus à coloniser l'espace. Mais ils ne sont rien de plus que ceux que vous affrontez sur les planètes que vous colonisez pour vous y installer. »

Lusirus écoutait attentivement ce que disait l'Yrulien. Il murmura à son collègue de Bélestène.

« Ce que dit ce type est très intéressant. Si nous prouvons que les krims ne sont que des animaux comme il tente de l'avancer, alors nous pourrons les attaquer. L'Alliance ne pourra considérer cela comme une guerre.
- Ce sera quand même une guerre Lusirus, on tuera des êtres vivants.
- Heliott, tu ne me feras pas croire que les Delbranns ne tuent pas d'animaux. La viande que tu manges sur Bélestène, d'où crois-tu qu'elle vienne ? Ça n'entre pas dans ta philosophie, cet Yrulien contourne les lois de l'Alliance mais il contourne aussi ta religion.
- Je...
- Reconnais le, lis ces résultats, ils montrent bien que les krims ne sont que des animaux et rien de plus. Ce ne sont que des parasites, comme un champignon qui pousse au coin de ton orteil.
Ta religion interdit d'arracher ce champignon ? Non et c'est normal car détruire ce champignon c'est te soigner. Détruire les krims c'est soigner l'univers. »

Pendant que les deux ambassadeurs discutaient entre eux, l'Yrulien poursuivait son discours.

« Les krims n'ont d'autres buts que de coloniser le plus de mondes possibles et de détruire les autres espèces ou de les asservir en les parasitant.
Ce serait une erreur de croire que vous pouvez résonner les krims, que vous pouvez négocier une paix et signer des traités avec eux.
Les krims n'échangent pas, ils ne commercent pas, ils ne négocient pas. Tout simplement parce qu'ils ne constituent pas un peuple. Ils n'ont aucune notion de l'économie, de la culture, de l'éducation. Ce ne sont pas seulement des parasites dans des corps, mais aussi dans l'univers. »

Les murmures se faisaient de plus en plus forts dans la salle.
Même le rang du Conseil des Régents commençait à s'agiter.

« A moins que tu ne te transformes en défenseur des animaux je ne vois pas ce que tu trouveras à redire là dessus. L'exposé de l'Yrulien est clair Heliott.
- Peu importe Lusirus, si l'Alliance protège la paix c'est pour protéger la vie des ses citoyens. Que les Krims soient des animaux ou non ne change rien. Il y aura de rudes batailles qui coûterons la vie à des milliers de soldats. Et si les krims vont plus loin et décident d'attaquer nos planètes, qu'ils soient des animaux ou non nos peuples en souffrirons.
Vous n'allez qu'attiser la haine des krims... »

L'Yrulien finit son discours. Toutes la salle se mit à applaudir son exposer. Certains ambassadeurs se mirent même debout.

« Ainsi commença la guerre, sous une pluie d'applaudissement. L'Alliance a échoué. Nous avons échoué Lusirus. Nous allons au devant d'une grave crise.
- Rien n'est encore fait. Tous n'applaudissent pas et le Conseil des Régents doit encore tenir une réunion avant de décider des actions à prendre.
- Ne me prend pas pour un idiot. Regarde d'Arnor, même s'il n'a pas de bouche je peux voir l'énorme sourire se dessiner sur son visage. »

* * *

A nouveau le Conseil des Régents était réuni autour de la table ronde.
Tous les ambassadeurs des plus grands empires stellaires de l'Alliance étaient en train de discuter du discours de l'Yrulien.
C'est d'Arnor qui présidait, étant donné l'implication du Cercle dans ce conflit.
Heliott Armass était enfoncé dans son siège, le visage fermé.

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Luminae Pax, en orbite d’Ataraxie.

Laissant à une distance raisonnable de la station son escorte de frégates Tenebris, le vaisseau diplomatique du Cercle Shankari. D’Arnor venait de passer la totalité du voyage à éplucher les dernières informations envoyées par l’Empire Hermice. D’Arnor avait la sensation étrange que l’Empire, au courant de la rencontre, se doutait de quelque chose, mais ne souhaitait pas en dire plus. Les données étaient plutôt orientées sur les aspects génétiques des Krims, et leurs différents types d’hôtes.

« -Ambassadeur, arrimage à la station dans cinq minutes, sas numéro huit.»

Arnor se leva, posa la traditionnelle cape à capuche des Shankars sur ses épaules, et descendit rapidement au sas numéro huit. S’y trouvaient déjà quatre fusiliers du Conseil, dans leur armure rouge, qui allaient l’escorter jusqu’à l’Atrium, ainsi que l’attaché d’Arnor. Une fois que la pression fut égalisée, le large sas s’ouvrit, et les six Shankars mirent les pieds sur Ataraxie, dans la partie réservée aux diplomates. Un soldat, au visage masqué par le casque, précédait Arnor. Les quelques personnes autorisées à fréquenter les lieux présentes s’écartèrent à la vue de la cuirasse du Cercle, laissant passer le diplomate et son escorte. D’Arnor avait les yeux plissés : il réfléchissait, essayant de deviner ce qui allait se passer. Et pourtant, rien ne pouvait le préparer à ce qu’il allait entendre. Les représentants des mondes régents et leurs secrétaires avaient une section entière de l’Atrium qui leur était dévolue, où seuls eux pouvaient entrer. Les quatre fusiliers s’arrêtèrent devant la porte, et saluèrent d’Arnor et son aide de camp.

« -Ambassadeur. Nous restons à votre disposition si besoin.
-Merci, lieutenant. Mais je pense que cela ne sera pas nécessaire. »

D’Arnor prit le temps de saluer les autres représentants, en profitant pour obtenir le ressenti de chacun sur ce qui allait se passer. Les avis divergeaient, mais tous se doutaient que quelque chose de grave allait se passer. Quand les ambassadeurs finirent par entrer dans l’Atrium, des centaines de paires d’yeux se braquèrent sur eux : après le discours yrulien, ils tiendraient entre leurs mains une décision qui pouvait faire basculer le cosmos d’Oxus dans une direction sanglante, ou dans une voie incertaine. L’ambassadeur de la Ligue monta enfin devant le pupitre, et commença son discours, nullement intimidé par les centaines des personnes l’observant, ni même par les milliards écoutant la retransmission de son discours. Durant plusieurs minutes, il parla des krims, de leur dangerosité, du fait qu’ils n’étaient… Que des animaux. D’Arnor lui-même était surpris, mais resta enfoncé dans son siège, écoutant attentivement le long monologue. A côté de lui, son aide de camp ne se donna même pas la peine de détourner la tête pour lui parler, ne voulant pas attirer l’attention, dans ce jeu où le moindre geste comptait. Il y avait un avantage à être un Shankar : sans bouche, on pouvait parler sans que cela se remarque, à condition bien sûr que personne n’entende ce que vous disiez. Mais s’il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes, vous ne pouviez pas savoir ce qui se tramait entre deux personnes.

« -Vous en pensez quoi ?
-Un général qui harangue ses troupes, un instructeur qui motive ses élèves.
-C’est tout ce que vous y voyez ?
-Le dossier est complet, avec des éléments solides. »

L’yrulien finit son discours sous les applaudissements. Visiblement, la majorité des personnes présentes ici approuvaient les dires de ce dernier, et semblaient ouvertes à une guerre. Sauf qu’au final, c’est le Cercle qui devrait fournir l’effort. Et bien que d’Arnor ne doutait pas du potentiel des centaines de vaisseaux de guerre que l’Amirauté du Cercle avait à sa disposition, cela le travaillait quand même. Autour de lui, des personnes se levèrent. D’Arnor resta de marbre, même si intérieurement, il était tiraillé. Tiraillé entre cette volonté subite de guerre qu’il approuverait sans doute, mais se demandant malgré tout jusqu’à quel point étaient-ils prêts à s’engager. Les yeux d’Arnor bougèrent rapidement dans leurs orbites, et il s’adressa à son aide de camp.

« -Suis-je le seul à avoir l’impression d’être dévisagé ?
-Je ne crois pas. Tout le monde ici ou presque connait votre position. Tous attendent votre réaction. Je crois sentir qu’Heliott Armass semble assez dérangé.
-Il doit penser que je vais lâcher les chiens de guerre. Mais ça, c’était avant cette idée… De faire des Krims de simples animaux. »

D’Arnor se leva, et fixa pendant quelques secondes le représentant yrulien, tout en étant-lui-même observé par des une grande partie de l’assemblée. Quand l’yrulien le salua, d’Arnor se contenta de se retourner, et de quitter l’Atrium. Les discussions avec le Conseil allaient être longues…

Salle du Conseil des Régents.

Cette fois, le comité était plus restreint. Huit personnes, assises autour d’une table, tenaient entre leurs mains le sort d’Oxus. En rentrant dans la salle, d’Arnor réfléchissait encore aux mots qu’il allait prononcer, conscient que la moindre tournure de phrase serait analysée dans tous les sens possibles. Le Shankar s’arrêta au bout de la table ovale, et resta debout devant son siège, faisant rapidement le tour de l’assemblée. Armass fixait d’Arnor d’un regard noir, connaissant pertinemment la position du Cercle sur le sujet. D’Arnor finit par prendre la parole.

« -Ambassadeurs des planètes régentes. Nous sommes ici pour discuter de l’intervention du représentant de la Ligue, concernant la Suprématie, la menace qu’elle représente ainsi que la qualification des Krims en tant que forme de vie intelligente.
-Laissez tomber le protocole, d’Arnor. Nous avons tous lu les rapports des dernières missions du Cercle, et la présentation de la Ligue était très convaincante. Nous savons également que le Cercle est prêt à s’engager, alors pourquoi ne pas en venir au fait ? »

D’Arnor se tourna vers l’ambassadeur qui venait presque de lui couper la parole. S’il détestait bien une chose, c’était être interrompu. Il posa les poings sur la table, et continua de fixer le fautif.

« -Ambassadeur, même si les flottes du Cercle sont prêtes à opérer, je doute encore de l’engagement du reste de l’Alliance. Nous n’irons pas contre une décision à laquelle une majorité est opposée, parce que nous ne le pouvons tout simplement pas.
-Majoritairement opposée ? Vous avez entendu aussi bien que moi les applaudissements qui ont suivis le discours !
-Quand un général harangue ses soldats, tous l’applaudissent, même s’ils savent qu’ils se lancent dans une mission suicide. Ambassadeur, il y a un énorme fossé entre approuver et participer. Pensez-vous que l’opinion publique d’un empire à l’autre bout d’Oxus approuverait la mort de centaines, voire de milliers de ses soldats dans une guerre contre un ennemi qu’ils n’ont jamais connu ? Une race qu’ils n’ont jamais rencontrée ? Une civilisation avec qui ils n’ont jamais eu de contact ? La diplomatie des masses n’est pas l’échiquier de cette salle. Les pièces maitresses sont noyées dans une immensité de pions capables de les renverser ; pas par leur force mais par leur nombre. Alors vous soutenez cette guerre, mais serez-vous prêts à vous y lancer personnellement ? A y envoyer vos propres vaisseaux de guerre ? A mettre en jeu des sommes considérables et un nombre de vies qui ne l’est pas moins ? Permettez-moi d’en douter. A vrai dire, certains d’entre vous ne doivent même pas réellement s’inquiéter de la situation.
-C’est insultant ! Comment pouvez-vous prétendre que cela ne nous concerne pas ? »

D’Arnor leva une main pour calmer celui qui venait de prendre la parole. Il laissa planer, comme à son habitude, un moment de flottement, avant de reprendre la parole.

« -Je ne dis pas ça pour vous insulter, mais parce que c’est logique. Les habitants du Cercle seraient surement dans le même avis si la guerre était à l’autre bout d’Oxus, à des années de voyage. Les masses régiraient si les forces de premières lignes de l’Alliance ne suffisaient pas. Si le Cercle se retrouvait en difficulté, alors il y aurait un véritable engagement. Mais je n’ai vu là qu’applaudissements pour acclamer un discours sur un ennemi que nous haïssons sans réellement le connaitre. Que nous voulons combattre sans réellement chercher à comprendre.
-Voilà d’étranges paroles venant de lui qui il y a un mois, militait fermement pour une action d’envergure.
-Et puis vous avez bien entendu ce que la Ligue vient de dire ! Ils ne négocient pas, parce qu'ils ne constituent pas un peuple.
-Mes positions ont évolué. Ceci étant dit… Si je voulais vraiment la guerre, je me serais contenté de me lever de mon siège et d’applaudir. Seulement, la Ligue a présenté cela et nous cachant certains détails. »

Une vague de questions parcouru l’assistance. D’Arnor en profita pour se rasseoir, et pianota rapidement sur la console devant lui, pour préparer l’affichage de certains documents.

« -Comme vous le savez, depuis un mois, l’Empire Hermice et le Cercle ont conclu une sorte de pacte, s’avérant plus bénéfique que prévu. Des échanges ont eu lieu dans les deux sens, et certains documents m’ont été confiés aujourd’hui même. Si les Krims sont bien des animaux, alors ils sont les animaux les plus dangereux de notre univers, capable de lutter à armes égales avec nos armes les plus destructrices.
-Mais c’est parce qu’ils volent l’intelligence à leurs hôtes.
-Et c’est là que vous avez tort. Seuls, sans corps, ils ne sont effectivement d’aucun danger. Passons directement à la partie intéressante. Leurs hôtes, ils les construisent désormais eux-mêmes. »

Il haussa quelque peu la voix, pour souligner ce qu’il allait dire.

« -Les derniers documents de l’Empire Hermice concernaient justement les hôtes krims, et principalement trois d’entre eux, les types majoritaires. En bas de l’échelle, on retrouve les fantassins, capable de faire une seule chose : obéir pour tuer. Je cite : peu intelligents mais physiquement très puissants, ce sont des soldats de base créés pour répondre aux ordres de bataille les plus simples sans poser de questions. Ils peuvent être sacrifiés en grande quantité, rendant les krims très difficile à combattre étant donné qu'ils n'ont aucune limite. De plus, le corps du fantassin ressent peu la douleur, le faisant combattre tant qu'il le peut encore bouger, même gravement blessé. Ils ne ressentent pas non plus la peur et n'ont aucune conscience de la mort. Ces hôtes sont créés génétiquement dans les usines ou croiseurs Krims.
-Je ne vois pas en quoi cela contrevient aux déclarations de la Ligue.
-Cela ne fait que les conforter, je vous accorde ce point. Le fantassin lourd, maintenant. Capable de réflexion, d'analyse et d'action en conséquence ; servant de relais aux hôtes amiraux, il peut donner des ordres aux fantassins et diriger une attaque. Ceux-là forment encore la base, mais ils peuvent réfléchir, grâce à un cerveau, un cerveau que les Krims ont conçus de toutes pièces. Ils ont véritablement fabriqués un esprit, un cerveau organique, quand nous nous débattons encore avec les intelligences artificielles. Ils sont largement en avance sur nous sur le sujet. Enfin, l’amiral. Doué de capacité de calcul et de réflexion énorme, digne des plus performantes IA, l'hôte amiral peut réagir très rapidement à n'importe quelles situations, même imprévues. Un seul amiral peut contrôler à distance des millions de soldats. Ce cerveau, ce sont les krims qui l’ont fabriqué, ils ne l’ont en aucun volé à une autre espèce. Ils sont les maitres de leur propre évolution, et quand nous évolutions pour survivre, ils ont évolué pour combattre et dominer. »

Sur les visages des personnes présentent dans la salle, quelques fugaces expressions de peur ou d’appréhension passèrent. Certains se demandaient encore ou d’Arnor voulait en venir, tandis que d’autres semblaient déjà avoir une idée sur le sujet.

« -Où voulez-vous en venir, d’Arnor ?
-La volonté du Cercle de s’opposer à la Suprématie ne change pas. Trois empires interplanétaires sont menacés ou en conflit avec les Krims. Mais si l’Alliance doit rentrer en guerre, alors cela doit être parce qu’elle l’a décidé, et non pas parce qu’elle a décrété que les Krims sont des animaux, afin de se donner bonne conscience en respectant ainsi les lois de l'Alliance. Les Krims ont acquis un niveau d’évolution leur permettant directement d’améliorer leurs capacités, et je ne pense pas que l’on puisse les considérer comme des animaux, au vu de ce dont ils sont capables. Une guerre contre eux ne serait pas absolument pas une nouvelle Rénéga. L’issue serait encore pire, au moins pour l’un des deux camps. Pour finir, les documents de l’Empire Hermice renferment bien d’autres informations. Si certains veulent prendre le temps de les consulter, alors je conseille d’interrompre la séance. Voilà ce que j’avais à dire. »

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La salle du Conseil des Régents fut plongée pendant quelques instants dans un lourd silence où seuls quelques murmures interrogatifs se faisaient entendre. Tous les ambassadeurs avaient les yeux rivés sur les données que les Hermices avaient remit aux Shankars.

« Sieur d'Arnor, c'est une quantité formidable d'informations que l'Empire Hermice vous a livrer. Si seulement nous avions eu cela avant. J'aimerais les consulter plus en détail et souhaiterais comme vous l'avez proposé une suspension de la séance. »

Seul Heliott Armass ne s'était pas plongé tête la première dans les documents. Il dévisageait l'ambassadeur du Cercle en se demandant ce qu'il avait vraiment en tête. Ce petit Shankar était dur à cerner, finalement il n'était pas si belliqueux et ne voulait pas attaquer sans raison.

La séance fût interrompue une heure le temps que tous les ambassadeurs se mettent au courant des nouvelles données rapportées par les Shankar. Puis la réunion reprit.
L'ambassadeur Delbrann souhaita prendre la parole en premier.

« Messieurs Dames, au vue de ces nouvelles informations je pense qu'il est improbable de déclarer les krims comme des êtres non-intelligents.
Certes, la Ligue de Devos a raison sur un point, de base un krim ne possède aucune conscience. Mais comme le font remarquer les données Hermice et comme l'a si bien fait remarquer l'ambassadeur d'Arnor, les Krims ont évolué.
Chacune des espèces que nous représentons autour de cette table a été de base une race non-intelligentes. Nous avons tous évolué pour finir par posséder un cerveau nous permettant d'avoir conscience de notre vie, nous permettant de comprendre et d'apprendre.
Les Krims ont fait la même chose, ils ont évolué pour atteindre un nouveau stade d'évolution les rendant aussi intelligent que nous.
Comment des animaux auraient pu maîtriser aussi parfaitement la génétique au point de créer des cerveaux viables, chose qu'aucune de nos civilisations n'a réussi à faire ?
Contrairement à ce qu'avançait le représentant Yruliens, les krims ne sont pas des animaux, ou plutôt n'en sont plus. Ils sont à considérer comme nos égaux. »

La salle resta dubitatif face aux propos tenus par l'ambassadeur Delbrann.

« Que les Krims soient des animaux ou non ne change rien à la menace qu'ils représentent.
- Si, cela change tout.
Contrairement à ce qu'affirment les Yruliens, je pense sincèrement qu'il est possible de négocier avec les Krims. Je pense que la Ligue veut se servir de l'Alliance pour les débarrasser de la menace que les krims font peser sur eux.
Je refuse de croire que des êtres intelligents ne puissent penser qu'à la guerre et la domination.
Après tout, que savons nous des krims ? Les Yruliens n'ont donné que leur vision des choses et les Hermices n'apportent que des informations militaires.
Nous ne savons pas comment les krims vivent. Nous ne pouvons pas nous fier aux propos des Yruliens. Peut être que les Krims commercent, peut être qu'ils créent et qu'ils aiment.
Nous n'en savons rien car personne ne les a vu vivre.
- Où voulez vous en venir Armass ?
- Il faut étudier les krims en profondeur. Je ne vous parle pas de mission d'espionnage militaire comme le Cercle a effectué le mois dernier. Je vous parle de mission d'observation sociologique. »

Personne ne semblait réellement convaincu dans la salle.

« Sieur Armass. Les informations que nous avons sont clairs. D'un côté les rapports scientifiques des Yruliens nous montrent que les Krims ne sont que des animaux hostiles et d'un autre côté les Hermices nous montrent la dangerosité de leur armement.
Moi je ne vois qu'une immense menace qui pèse sur l'Alliance.
- Vous ne pouvez pas condamner toute un peuple et nous plonger dans la guerre juste en vous basant sur des rapports scientifiques de civilisations ne faisant même pas partie de l'Alliance !
Ces documents ne prouvent rien ! Au final nous ne savons rien. Jusqu'à preuve du contraire, les Krims ne me semblent pas plus dangereux et belliqueux que d'autres civilisations dans l'univers. »

Plusieurs ambassadeurs froncaient leurs sourcils, d'autres se massaient les tempes.

« S'il vous faut des preuves, elles risquent d'arriver rapidement et cela sera catastrophique pour tout le monde. Avez vous seulement pensé au fait que les Yruliens et les Hermices puissent avoir raison ?
Et si les krims étaient bien ce qu'on nous a montré jusque là ? Vous rendez vous compte de la menace qui pèse sur nous ? Vous nous condamnez avec votre religion stupide, votre foi et vos espoirs ridicules...
- Je ne trouve pas cela ridicule, je suis fier d'avoir foi, d'avoir de l'espoir en tous êtres vivants de cet univers. Les krims ne sont pas des robots programmés, même un animal est capable de compassion et d'empathie. S'ils ont évolué, s'ils possèdent l'intelligence, je ne vois pas pourquoi les krims en seraient incapables. »

L'un des ambassadeurs soupira.

« Il serait peut être plus simple de voter à présent.
Décidons si l'Alliance doit oui ou non considérer les krims comme des êtres intelligents ou non.
Ensuite nous pourrons débattre des actions à mener.
- Je tiens à le dire tout de suite. Si l'Alliance décide d'entrer en guerre, que ça soit contre des animaux ou non, je vous présenterais ma démission et celle de la royauté du Béleste à la fin de cette séance. »

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« -Démissionner ? Sérieusement ? »

L’ambassadeur de Dilawa fut le premier à relever les ultimes paroles d’Armass. Plongeant ses yeux bancs vitreux dans celui du Delbrann, les deux se dévisagèrent pendant quelques secondes, et visiblement, Armass semblait décidé. D’Arnor soupira, et le bruit de son souffle amplifié par sa cavité buccale résonna légèrement dans la salle des Régents. D’Arnor observa l’ironie de la chose. Un mois plus tôt, c’était Armass qui proposait au Cercle de démissionner, et voilà que maintenant, c’était au tour de la Royauté de se trouver dans cette situation délicate.

« -Ambassadeur Armass… Il y a un mois, c’est vous qui proposiez au Cercle de démissionner. Vous avez demandé à un membre fondateur de quitter l’organisation qu’il avait aidé à construire, parce qu’il n’était pas d’accord avec les décisions de celle-ci. Le monde n’est plus noir et blanc, et nous ne sommes plus huit empires interplanétaires. Il y a des dizaines de civilisations, des centaines de planètes qui siègent désormais à l’Atrium. Et vous, vous voudriez tout quitter simplement parce que la majorité n’est pas d’accord avec vos idées ? Je respecte les idéaux pacifistes de la Royauté, ambassadeur, mais personne ne viendra me contredire si je dis que ces idéaux ne doivent pas empêcher l’Alliance de se défendre. Vous n’êtes plus sur une planète, Armass, mais devant vous peut se jouer l’avenir d’un univers tout entier. Pensez-vous réellement que cela vaut le coup de prendre cette décision stupide ? D’engager tout un peuple dans une décision qui au final, n’aura presque pas de conséquences positives pour lui ? Mais réfléchissez ! Imaginons que nous votons la guerre contre les Krims, et que décidiez de quitter l’Alliance, que se passerait-il ? Les Krims se retrouveraient assiégés de toutes parts, et se verraient dans l’obligation de revoir leurs ambitions à la baisse… Dans le meilleur des cas. Et pour vous ? Vous auriez perdus tous les bénéfices d’appartenance à l’Alliance, et même si vous gardiez des alliés, les pertes financières se chiffreraient au bas mot en milliards de crédits standards. Le Royauté entrerait inévitablement en récession. Toutes les importations et les exportations deviendraient plus chères, plus d’accords commerciaux, et sans vouloir vous manquer de respect, la Royauté perdrait une bonne partie de sa puissance politique. Seul, vous ne pourrez pas faire appliquer vos décisions. Armass, nous jouons sur un échiquier politique à l’échelle interplanétaire, les réactions enfantines telles que celles-ci n’ont pas leurs places ici, et je sais que vous êtes capable de bien plus que ça. On ne s’en va pas pour un oui ou pour un non ! Vous êtes un membre fondateur, et la Royauté a contribué à instaurer ce système ! Si la majorité n’est pas de votre avis, et bien quoi ? C’est le principe de la démocratie Armass, et la Royauté l’a accepté en rejoignant l’Alliance ! Pourquoi croyez-vous que le Cercle a refusé de démissionner ? Parce que nous acceptons les règles du jeu que nous avons nous-mêmes écrites ! Chacun à notre tour, nous écrivons les règles comme nous les subissons. C’est comme ça, et cela ne sera pas autrement. Alors soyez censé, et acceptez que le fait que reste de l’univers ne soit pas d’accord avec vous.»

La voix d’Arnor était légèrement montée en volume sur les dernières phrases. Et il était vrai que le Shankar était quelque peu agacé par ces paroles. Les deux représentants se dévisageaient, assis dans leur fauteuil, diamétralement opposé sur le grand rayon de la table ovale. Autour d’eux, les autres représentants observaient, sans trop oser s’interférer entre les deux diplomates. La tension était palpable dans l’air, et le silence le plus complet planait dans la salle. D’Arnor finit par briser le silence.

« -Ceci étant dit, revenons au sujet initial. Comme je le disais un peu plutôt, si l’Alliance veut déclarer la guerre, car nous parlons bien d’une guerre, cela ne doit pas être en se cachant derrière des principes plus ou moins véridiques de non-intelligence. La question n’est pas véritablement là ; ce qu’il faut se demander, c’est avons-nous le droit de faire la guerre pour maintenir la paix ? Je sais que certains d’entre vous me croient –peut-être à juste titre- adepte de ce qu’on pourrait qualifier de missile diplomatique, mais je ne pense pas que cette méthode soit la pire de toute. Nous essayons de nous cacher derrière des phrases de la constitution de l’Alliance prises au pied de la lettre, des phrases vieilles de trois siècles, dans un monde n’ayant rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd’hui. En ce qui concerne les Krims, la menace est en effet pour moi indépendant de leur statut, animaux ou forme de vie intelligente. Un danger reste un danger, quel qu’en soit la nature. Et face au danger, nous devons réagir. »

Un murmure d’approbation dans la salle. D’Arnor venait de relancer le débat, et l’idée d’une guerre qu’il voulait semblait presque transparente dans son discours.

« -La nature belliqueuse des Krims ne fait pas de doutes, et nous n’avons pas attendu les rapports de l’Empire Hermice ou les beaux discours de la Ligue de Devos pour nous en rendre compte. Nous savons tous que la Suprématie a mené de nombreuses attaques contre ces deux empires, et ces derniers ont naturellement riposté. Imaginez qu’une planète du Cercle soit la prochaine cible. Qu’une force d’invasion se présente. Allez-vous réellement nous obliger à convoquer ce Conseil pour pouvoir réagir ? Je ne désire pas la guerre, le Cercle ne désire pas la guerre. Et au fond, personne ici présent ne la désire réellement, parce que personne ne veut revivre ses horreurs. Mais vous aspirez tous à vivre en sécurité, dans la paix, et parfois, cette paix a un prix, qui peut parfois être élevé. Je ne veux pas la guerre, je veux juste que chacun des empires de l’Alliance puisse se défendre correctement, ou aider ses alliés. Si nous nous faisons attaquer, il nous faut nous montrer décidés dans notre riposte, et ne pas être suspendus à quelques lignes d’un texte tricentenaire. Si une menace frappe à nos portes, nous devons pouvoir la combattre. Je ne parle pas de porter le combat chez elle, mais je veux pouvoir être libre de mes actes, de pouvoir protéger mon empire à tout prix, qu’elles qu’en soient les conséquences, parce que les assumerai, ayant eu le choix de mes actes. Vous voulez combattre les Krims ? Soit, mais ne le faîte pas en vous cachant derrière de prétendus animaux, car les Krims n’en sont pas. Aucun animal ne peut faire ce qu’ils ont accompli. Si vous voulez vous battre, alors faite-le d’égal à égal, et assumez les conséquences de vos actes. »

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Après être resté silencieux l'ambassadeur de Bélestène finit par vouloir réagir à l'attaque de son homologue de Dilawa Palor.

Attendez avant de continuer ce débat. Nous nous sommes mal comprit Sieur d'Arnor.
Si j'ai dit que je démissionnerais si la guerre était votée ce n'est pas par menace ou par réactions enfantines comme vous dite, je vous signal qu'il y a 15 ans mon prédécesseur avait déjà démissionné pour protester contre la guerre.
Si mon peuple a aidé à la fondation de l'Alliance il y a 3 siècles c'est pour maintenir la Paix dans l'univers. Si ce soir vous votez la guerre, alors l'organisation qui nous unit ne sera plus celle pour laquelle nous avons donnez tant d'énergie depuis presque 400 ans.
Si vous pensez que la constitution n'est plus la bonne et qu'il faut la changer alors la Royauté quittera l'Alliance car nous, nous croyons encore en ces lois qui fondent notre union. J'ai encore foi en l'Alliance et j'espère qu'aucune guerre ne sera voté ce soir. Mais si vous me prouvez le contraire alors je partirais.
Vous avez dit que mon peuple ferait une croix sur beaucoup d'avantage en quittant l'Alliance, mais vous n'avez pas idée de ce que perdra l'Alliance. Bélestène est l'un des principaux centres d'activités de l'Alliance, c'est peut être le deuxième centre derrière Ataraxie. Économiquement, la Royauté apporte beaucoup plus qu'elle ne reçoit.
Ce n'est pas nous qui serons perdant à quitter l'Alliance.
Si vous voulez transformer l'Alliance en machine de guerre Sieur d'Arnor ça sera sans moi et sans la Royauté. Jamais nous ne cautionnerons cela. »

Un silence gêné revint dans la salle avant qu'un des ambassadeurs ne reprennent le débat.

« Bien. Alors selon le Cercle nous ne pouvons considérer les Krims comme des animaux. Procédons au vote.
- Attendez. »

Cela faisait un certain temps que la voix de l'ambassadeur de Gotha ne s'était pas faite entendre autour de la table. Lusirus fixa le shankar qui présidait la réunion.

« D'Arnor, je sais que vous avez été Amiral au sein de la flotte du Cercle, j'ai moi même été colonel pour l'armée du Drall, mais ici nous faisons de la politique. Oubliez vos histoires de se battre d'égal à égal et toutes vos conneries d'honneur dans l'affrontement.
Je me fiche de savoir si les Krims peuvent être considérés comme des êtres intelligent ou non. Mais il est important qu'on déclare les krims comme des êtres non-intelligent pour pouvoir les affronter ouvertement en contournant les règles de l'Alliance.
- Vous voulez qu'on joue délibérément sur les mots ?
- L'Alliance est encore tremblante de la dernière guerre qui a opposé deux de nos membres les plus importants. Jamais les peuples que nous gouvernons n'accepteront une nouvelle guerre et il est important que l'opinion publique nous suive.
Après le discours des Yruliens et en cachant les informations des Hermices il sera très facile de faire passer les krims pour des animaux.
- Vous êtes en train de parler de manipulation ?
- Une manipulation sera nécessaire. L'Alliance a été créée pour maintenir la Paix, nous ne pouvons déclarer une guerre officiellement sans modifier la constitution, or si nous le faisons nous allons perdre des membres comme la Royauté du Bélèste.
Pour autant je suis convaincu de la menace des krims, une menace que nous n'avons encore jamais connu. Je pense qu'il est très important de prendre les choses en mains dès maintenant et de ne pas attendre que la Suprématie commence une attaque planétaire sur l'un de nos mondes pour réagir.
Il est parfois bon de mentir à ceux que nous gouvernons pour les protéger. »

Lusirus marqua une pause pour sonder du regard ses collègues. Certains semblaient d'accord avec son discours, d'autres étaient plus dubitatifs, d'Arnor comme toujours ne montrait aucune expression qui l'aurait trahit.

« D'Arnor, vous avez sûrement raison en ne considérant par les Krims comme des animaux. Mais si vous ne voulez pas les reconnaître comme tel le Cercle sera seul pour les affronter car l'Alliance ne pourra rien faire. Nous serons même obligé de prendre des sanctions a l'encontre du Cercle. »

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D’Arnor fit légèrement pivoter son siège dans un sens, puis dans l’autre, couvrant ainsi toute la table sans avoir à tourner la tête. La situation était plus ou moins bloquée. Chacune des options avait ses bénéfices, comme ses conséquences que personne ne souhaitait.

« -Faisons le tour des choix qui s’offrent à nous, et leurs conséquences. Modification de la constitution ? Guerre contre les Krims et départ de la Royauté. Des animaux ? Guerre contre les Krims et départ de la Royauté. Modification et animaux ? Départ de la Royauté, guerre contre les krims. Pas de modification, pas d’animaux ? Rien, à part attendre que les Krims envahissent une de nos planètes. Attaque à laquelle ne pourront pas répondre, à vous entendre, sans demander l’avis de ce Conseil. Et qui plus est, des sanctions contre le Cercle ? Sous quel motif ? Que nous n’avons pas voulu déclarer une guerre à cause de prétextes fabriqués de toute pièce ? Ben voyons. »

Le ton ironique des trois dernières syllabes en aurait presque fait sursauter quelques-uns, habitués à la voix presque toujours monotone d’Arnor.

« -Voyez-vous, nos options sont limitées… La quasi-totalité d’entre elles mènent au départ d’un de nos membres fondateurs. En espérant que les Hermices ne dévoilent pas au reste du monde les documents que vous avez sous les yeux, car je peux vous assurer que l’opinion publique que vous voulez… Duper se retournera contre vous. Vous voulez me forcer à prendre une position ? Je vais donc en prendre une. Mais avant tout, soyez conscient d’une chose. Si à l’avenir, une civilisation autre que les Krims attaque l’Alliance, soyez certains que le Cercle se rappellera de cette réunion. Nous nous opposerons à toute forme de représailles tant qu’une planète de l’Alliance ne sera pas directement attaquée ; de même pour toute modification de la constitution, sous prétexte que l’Alliance doit pouvoir se défendre. Ce jour-là, il sera trop tard. Oh, ne soyez pas outrés, ce n’est pas du chantage, c’est juste que je maintiendrai la logique de ce qui s’est dit aujourd’hui. Pour en revenir au sujet principal, voici pour le moment ma position, mais ne considérez pas ceci comme mon vote. A la fondation de l’Alliance, le Cercle a juré de se conformer à sa constitution. Mais avons aussi le devoir de défendre l’organisation, contre toute attaque, qu’elle qu’en soit sa forme. Accessoirement, même contre les menaces militaires, auxquelles ne n’avons pas le droit de riposter mais ceci est un détail. Ainsi, dans le but de défendre l’Alliance et le Cercle Shankari, en première ligne face à la menace Krim, le Cercle se réserve le droit de considérer les krims comme des animaux. Le motif sera que la technologie génétique des krims, et particulièrement concernant les intelligences organiques, est basée sur une forme avancée de réplication autonome des cellules, indépendantes de l’intervention des Krims de base, même s’ils décident de coloniser ainsi l’hôte. »

Un silence de plomb suivit les mots d’Arnor. En face de lui, Armass devait littéralement bouillir. La phrase d’Arnor suffisait presque pour déterrer la hache de guerre.

« -Soyez tous conscients que cette décision va à l’encontre de la volonté du Cercle, mais que notre devoir de défendre l’Alliance passe par-dessus nos revendications personnelles. Si par la suite vous décidez de voter et de définir les krims comme animaux, nous n’en serons pas le principal atout. Si enfin vous votez la guerre contre les Krims, alors j’attends de vous que vous fassiez plus qu’un simple engagement oral. Vos vaisseaux et vos soldats devront aller combattre des animaux, aussi dangereux qu’ils soient. Et le Cercle ne sera pas responsable des atrocités qui seront commises. Ceci étant dit, je suspends la séance, afin que chacun puisse réfléchir à sa position pour les deux votes à suivre. »

D’Arnor fut le premier à se lever, et à quitter la salle, pour se rendre dans les quartiers du Conseil. Armass sortir un peu après lui, et d’Arnor s’en approcha.

« -Ambassadeur Armass, j’ai à vous parler. En privé. »

Le Shankar et le Delbrann pénétrèrent dans une petite salle adjacente, à l’abri des oreilles indiscrètes. D’Arnor s’assit sur une chaise, et invita Armass à faire de même.

« -Avant que vous ne m’égorgiez, laissez-moi vous dire quelque chose. Je ne tiens pas à ce que la Royauté quitte l’Alliance, et je vous demande de réfléchir à nouveau à ce que j’ai dit dans la salle. Je veux bien croire que vous pensiez la Royauté capable de survivre seule, je n’en penserais pas moins du Cercle, mais soyez raisonnable. Comme je vous l’ai dit, c’est le principe de la démocratie : parfois, vous êtes le seul à penser ainsi. J’ai conscience que nous pouvons aujourd’hui nous lancer dans une guerre, et pas contre de vulgaires animaux comme certains voudraient bien le faire croire. Ce n’est pas une question d’être égal à égal comme l’a dit Gomor, mais une question de principe. Je ne veux pas devoir me battre derrière un masque, c’est tout. Armass, le Cercle se doit de défendre l’Alliance, et c’est pour ça que si nous devons entrer en guerre, nous le ferons, mais pas de gaité de cœur, croyez-le bien. Quant à vous, réfléchissez bien. Je sais que la décision ne vous incombe pas, qu’il y aura des discussions au sein de la Royauté, mais vous devez les convaincre de rester au sein de l’Alliance. Vous êtes déjà parti une fois, une deuxième sera peut-être la fois de trop. Je sais que la guerre est une chose horrible, surtout face aux Krims. Mais comprenez bien que je ne peux pas rester là sans rien faire, en attendant de voir ces êtres débarquer sur une de nos planètes. Je dois faire en sorte que le Cercle puisse se défendre. Apparemment, cela ne pourra pas se faire de la manière dont je l’espérais, parce que trop peu semblent ouverts au changement. Mais vous, vous avez encore le choix. Chacun peut changer d’avis, alors pour une fois, mettez vos principes de côté, et acceptez la vérité, aussi triste qu’elle soit. »

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Heliott Armass suivit d'Arnor dans son bureau, le visage fermé en sachant que la discussion n'allait pas être amicale.
Il écouta ce qu'avait à lui dire son collègue sans changer d'expression.

« Sieur d'Arnor, vous insultez mon peuple.
Il ne s'agit pas d'avis ou de principes. Vous parlez de notre philosophie, de notre religion.
Depuis 5000 ans nous suivons les paroles de biens du Béleste Blanc.
J'ai foi en ces règles de vie et quelques soient les entités je suis persuadé qu'il y a toujours une voie pacifique à suivre.
C'est plutôt à vous de changer de position Sieur d'Arnor. La guerre n'est pas nécessaire. Vous pouvez éviter cela.
Contrairement à ce qu'affirme les Yruliens, si comme vous dite les Krims sont des êtres intelligents alors il est possible de négocier avec eux.
Les portes de l'Alliance sont ouvertes à toutes les espèces de l'univers et les paroles du Béleste volent à travers l'espace et ce même jusqu'à Dilawa Palor.
Pour le moment il n'y a eu aucun réel acte d'agression de la part du krim envers l'Alliance. L'attaque contre votre convoi n'était peut être qu'un acte isolé et les affrontements du mois dernier n'étaient qu'en réponse à votre intrusion de l'espace krim.
Nous ne sommes même pas sûr que les krims veulent commencer une guerre contre l'Alliance. S'ils sont aussi intelligents que vous le dite ils doivent bien savoir qu'une guerre contre le Cercle et ses alliés est perdue d'avance.
Sieur d'Arnor, plutôt que d'organiser l'affrontement, organiser une mission diplomatique. Contactons les krims et essayons de parlementer avec eux. »

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Armass pouvait être quelqu’un de très intelligent, mais parfois il est sacrément borné, voilà ce que pensait d’Arnor.

« -Ambassadeur, je vous répète encore une fois trois choses. Premièrement, je respecte les principes de la Royauté et je ne tiens en aucun cas à vous insulter. Deuxièmement… La diplomatie avec les Krims, je reste sceptique, les Hermices comme la Ligue disent qu’il est impossible de parlementer avec les krims… La Sixième Flotte a envoyé un message d’avertissement à sept reprises à la flotte Krim qui voulait l’engager. Aucune réponse. La seule chose qui a marché, c’est une pleine salve de tirs plasma. Et comment voulez-vous faire de la diplomatie avec des êtres télépathes ? Il est hors de question de laisser un Krim pénétrer dans mon esprit, simple question de bon sens. J’ai connaissance de choses bien trop sensibles, et il est hors de question qu’un potentiel ennemi y ait accès. Dernièrement, le Cercle ne veut pas non plus la guerre, mais il est inacceptable pour nous que notre droit de réponse face à une telle menace soit suspendu à des délibérations à des dizaines de milliers d’années lumières de la zone de conflit. Vous ne voulez pas la guerre ? Très bien. Ce que le Cercle veut, c’est pouvoir réagir de manière proportionnée à toute tentative d’agression dans son espace territorial, rien de plus. Croyez-vous vraiment que nous pouvons envisager le fait que des Shankars puissent mourir, dans nos vaisseaux ou sur nos planètes, sans que nous puissions y faire quelque chose ? Vous pouvez le concevoir ça, non ? Nous voulons pouvoir assurer librement notre défense ; one ne parle mêmes pas de représailles, mais juste de pouvoir se défendre ! Et avant de me dire que cela est contraire à la constitution de l’Alliance… Elle a été écrite il y a trois cent ans, quand personne ne pouvait imaginer, et ne voulait imaginer, qu’une telle situation se produise. »

Arnor se leva, et commença à marcher vers la porte, avant de se retourner.

« -La majorité des personnes présentes dans la salle seront prêtes à voter pour la guerre. Si c’est la seule manière d’assurer sa défense, le Cercle votera aussi pour. Mais si quelqu’un est assez avisé pour proposer une solution moins radicale mais permettant quand même à l’Alliance de se défendre, alors le Cercle la soutiendra de tout son possible, y compris en s’opposant à la guerre. Sur ce coup, la Royauté est isolée, Armass. Même le Drall, qui est surement votre meilleur allié, est prêt considérer les Krims comme des animaux, et nous savons tous les deux ce qui découlera de cette qualification. Dès que la séance reprendra, j’organiserai le vote. A vous de voir de quel côté vous voulez être. »

D’Arnor quitta la salle, laissant quelques instants le représentant de la Royauté seul avec ses pensées. Il y avait peu de chances pour qu’il change d’avis, mais savait-on jamais. D’Arnor profita du temps qu’il lui restait pour aller discuter avec d’autres ambassadeurs, tandis que d’autres avaient rapidement rejoint leurs quartiers pour rapidement discuter avec leur gouvernement. Armass et d’Arnor avaient encore le temps d’en faire autant, mais pour d’Arnor, les choses étaient déjà claires. A l’heure prévue, la séance reprit. D’Arnor s’assit au bout de la table ovale, et attendit que chacun soit prêt.

« -Ambassadeurs, il est venue l’heure de procéder aux votes. Nous étudierons d’abord la qualification des Krims en tant qu’êtres intelligents bien animaux. Le cas venant, il nous faudra nous pencher sur les éventuelles mesures à prendre. Avant de commencer, quelqu’un tient-il à ajouter quelque chose ? »

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Salle du Conseil.

Personne ne releva. Visiblement, chacun comptait souhaitait camper sur ses positions, et rien ne s’opposait donc au vote.

« -Très bien. Nous allons donc passer au vote. Premièrement, que ceux qui sont favorables à qualification des Krims d’animaux se manifestent. »

Lusirus Gomor fut le premier à lever la main. Quatre autres représentants le suivirent, avant que Glen d’Arnor ne se manifeste en dernier. Six votes favorables, et donc deux contre. La majorité avait parlé.

« -La question est donc réglée. Maintenant, nous devons réagir en conséquence. Différentes actions ont été évoquées durant cette réunion. La plus radicale d’entre elle est une guerre ouverte contre la Suprématie Krim, guerre à laquelle des membres de l’Alliance, autre que le Cercle Shankari, se devront de prendre directement part. Les autres actions étudiées sont un droit de réponse, proportionné mais direct et ne nécessitant pas l’aval de ce Conseil, à toute intrusion Krim dans l’espace de l’Alliance. Également, la possibilité de renforcer le pacte avec les Hermices, ou un partenariat avec la Ligue de Devos peuvent être envisagées. Au vu de l’autarcie de la Suprématie, toute mesure de sanction économique ou d’embargo est inutile. Dernière solution, proposée par la Royauté… La diplomatie directement avec les Krims. »

L’espace d’un instant, les visages se fermèrent dans la salle. Visiblement, la dernière proposition n’enchantait personne.

« -En ce qui concerne le Cercle Shankari, nous sommes partisans d’un droit de réponse immédiat. Tant que nous pouvons éviter la guerre, il semble logique de vouloir l’éviter, surtout que la Suprématie fait déjà face à la Ligue et à l’Empire, ce qui éloigne l’idée d’un potentiel front à la frontière de l’Alliance. Une opinion ? »

Heliott Armass, impassible dans son siège, ne prit pas la parole, ne semblant pas encore décidé à faire une nouvelle fois part de son opinion. Pendant un court instant, d’Arnor avait espéré qu’il le ferait, mais le Delbrann était un être fier, et ne comptait changer son fusil d’épaule. D’Arnor eut un soupir intérieur : il avait offert tout ce qu’il lui était possible d’offrir pour concilier partisans de la guerre et la Royauté, mais les deux partis campaient sur leurs positions. Seulement, l’un d’un deux était majoritairement, quand l’autre se réduisait presque à un seul empire stellaire. Le Shankar en était presque déçu, mais comme il l’avait dit à Armass, il se devait de protéger les intérêts du Cercle. Un autre ambassadeur prit la parole.

« -Ce droit de réponse n’offre aucune possibilité de mesures préventives… Si nous voulons être assurés de vivre en paix dans les prochaines décennies, nous devons nous en prendre directement au potentiel industriel Krim.
-Des pertes qu’ils pourront rapidement compenser, à mon avis. Tant que nous ne sommes pas en guerre totale, mieux éviter une escalade des tensions. S’ils nous attaquent, et que nous réagissons en conséquence, ils ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes d’avoir déchainé l’enfer. Mais nous ne devons pas passer pour l’agresseur.»

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L'ambassadeur Shankar quitta son bureau comme pour laisser Heliott Armass réfléchir, mais le Delbrann n'avait rien à réfléchir de plus, la courte discussion qu'il venait d'avoir avec d'Arnor ne changeait rien sur ses positions contre la guerre Krim. Il sortit à son tour pour tomber sur Lusirus qui l'attendait. Le Tépès était négligemment adossé contre un mur, une position qui contrasté avec son statut et sa riche tunique d'ambassadeur du Conseil des Régents.

« Ces Shankars sont tellement bornés. Il ne veut pas comprendre qu'une discussion est possible. Si c'est une espèce intelligente comme il le dit alors les négociations sont possibles. L'Alliance est un organisme pour préparer la paix, pas pour préparer la guerre. »

Le Tépès ne répondit rien.

« Ne me dit pas que tu es d'accord avec d'Arnor ? Cette guerre serait absurde et dévastatrice.
- La guerre se fera et tu ne pourras pas démissionner Heliott.
- Oh que si, jamais je ne cautionnerais la guerre. Mon gouvernement et tout le peuple de la Royauté me suivra dans ma démission.
- Écoute, le Conseil va voter pour que l'on considère les krims comme des animaux, je viens d'échanger deux trois mots avec d'Arnor et même s'il prend les krims pour une race intelligente il va quand même voter contre. Si les krims sont des animaux alors les combattre ne sera pas considéré comme une guerre.
Pourquoi l'ambassadeur de la royauté démissionnerait s'il n'y a pas de guerre ? Cela ne ferait qu'éveiller des soupçons qui pourraient nuire à notre Conseil en portant le discrédit sur celui ci.
- Un discrédit légitime, vous voulez juste changer les mots pour contourner les lois de l'Alliance et faire votre guerre.
- Héliott, pour qui tu me prends ? Tu penses vraiment que mon seul but c'est de faire la guerre ? Tu crois que ça m'amuse d'envoyer des soldats au front ? Je fais tout cela pour préserver la paix justement, si nous laissons les krims agir sans rien faire ça serait catastrophique pour le futur.
Vous autres les Delbranns avaient une philosophie bien trop radicale, il faut parfois se battre pour protéger des vies. »

Lusirus se redressa en lissant sa tunique noire aux liserés rouges.

« J'ai prit ma décision Lusirus. Si l'Alliance ne fait rien, la Royauté prend des dispositions seuls pour s'entretenir diplomatiquement avec la Suprématie Krim. J'ai l'intention de rencontrer leurs représentants pour discuter avec eux. Nous ne connaissons rien des krims et il est important d'échanger avec ce peuple. Je négocierais avec eux et ferait mon rapport au Conseil pour vous prouvez qu'une guerre est inutile.
- Je te connais trop bien Héliott et je sais que je ne pourrais te résonner. Mais une telle entreprise n'est que folie. »

* * *

La séance du Conseil des Régents de l'Alliance reprit. Comme prévu, le vote statua sur la condition animal des krims, puis vint le débat sur les actions militaires ou non à entreprendre.
Lusirus laissa parler d'Arnor et d'autres ambassadeurs avant de prendre la parole.

« Il faut faire attention aux mots que nous allons employer. Ne parlons pas de guerre, l'Alliance ne fait pas la guerre.
Lorsque nous colonisons une nouvelle planète et que nous devons faire face à l'hostilité de la faune nous parlons plutôt de nettoyage ou d'assainissement.
Au vu de la menace que représentent les krims je pense qu'une action de grande envergure s'impose. Une coalition de plusieurs armées de l'Alliance sera nécessaire pour le nettoyage et j'engage dès maintenant le Consortium Drall dans cette mission. Mon état major et le gouvernement du Drall sont tout disposés à aider l'Alliance.
De plus une possible alliance militaire avec l'Empire Hermice et/ou la Ligue de Davos est à envisager. Je pense que l'Alliance peut affronter les Krims sans eux, mais pour les bonnes relations avec ces deux empires qui ne font pas partis de notre organisation je pense qu'il sera favorable pour tous de travailler à éradiquer un ennemi commun.
Avec une bonne campagne de communication, même si l'Alliance attaque en premier il sera très facile pour ne pas passer pour les agresseurs. Il ne s'agira que d'assainir une zone de sa faune hostile en vu de sa colonisation. Je pense que plusieurs planètes de ce secteur ont des ressources de Rosarium dans leur sol. Cela pourrait être un prétexte pour notre action. »

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« -Un instant, vous comptez de suite engager des actions terrestres ? Je ne pense pas que cela soit la meilleure option. Laissons plutôt ça à la Ligue et à l’Empire, qui ont l’air de savoir s’y prendre avec la Suprématie. Si vous voulez agir militairement contre les Krims, il me semble plus judicieux de se contenter de l’espace. Traquer et détruire les flottes de guerre Krims, pour diminuer leur potentiel militaire. Intercepter leurs convois de ravitaillement, pour asphyxier leur industrie et leur économie. Détruire également les installations orbitales, et les moyens de transports, pour les paralyser et les empêcher de réagir. Cela me semble plus raisonnable et moins dangereux que d’envoyer des milliers de soldats au sol, dans un environnement totalement inconnu, et face à un ennemi sur lequel nous n’avons aucune information tactique, dans le domaine du combat terrestre. Dans le même temps, si vous tenez à attaquer directement les infrastructures terrestres, vous n’aurez qu’’à effectuer un bombardement orbitale, ça sera tout aussi efficace, et ne mettra pas plus de vies en jeu. En plus, soyons réalistes… Une colonisation demande déjà un effort considérable, alors plusieurs planètes d’un seul coup… Le prétexte me parait un peu gros… Une exploitation minière, à la rigueur. Mais une colonisation, je peux vous assurer que tous les pacifistes purs de l’Alliance vont monter au créneau, arguant le fait que nous ne cherchons qu’une excuse pour faire la guerre, que cela contredit les lois de l’Alliance et j’en passe, quand bien même nous décrétons que les Krims sont des animaux. Il ne faut pas oublier que si la majorité de l’opinion publique devient à force contre cette intervention, nous risquons d’avoir des problèmes : raison de plus pour éviter d’opérer directement au sol.

La Flotte Coalisée Shankari est prête à s’engager dans le conflit, mais nous n’envisageons pas, dans le contexte actuel, d’opérations planétaires de grande envergure. Nous avons deux flottes de guerre aux alentours de la zone d’opérations, prêtes à agir. Une force planétaire a aussi été redéployée, mais nous n’entendons pas l’utiliser à des fins offensives sur des planètes de la Suprématie. En revanche, les fusiliers de la Flotte pourront, le cas échéant, opérer en l’absence de gravité ou de pressurisation pour certaines opérations. L’accès au réseau de portes stellaires du Cercle sera également, et bien entendu, ouvert aux flottes de guerre des empires souhaitant s’investir dans le conflit. Voilà ce à quoi est prêt le Cercle.

Maintenant, en plus de connaitre l’effort de guerre que sont prêts à fournir les différentes civilisations, il me semble important de mettre au clair les motifs de notre intervention, et de nous mettre d’accord sur les actions à venir. Nous devrons justifier nos actes, et il est crucial que nous ayons tous les mêmes objectifs, afin de paraitre unis face à la menace que représente la Suprématie. »

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Lusirus croisa les ses mains sur la grande table du Conseil et prit son expression qu'il arborait toujours lorsqu'il parlait sérieusement.

« Voilà le plan d'action que j'ai personnellement élaboré.
Tout d'abord rappelons l'objectif de ses actions militaires qui font suite à l'attaque menée par la Suprématie Krim à l'encontre d'un convois du Cercle et plus généralement de la menace qu'ils font peser sur l'univers.
L'idée ce n'est pas d'éradiquer l'espèce Krim ou de mener une guerre jusqu'à la victoire et l'abdication de la Suprématie. L'idée c'est principalement d'envoyer un message fort aux dirigeants Krims, leur montrer que l'Alliance est présente et qu'elle n'hésitera pas à répondre à toute attaque de leur part.
Il faut donc montrer notre puissance de feu, leur faire comprendre qu'on ne rigole pas.
Officiellement il ne s'agira pas d'une opération militaire de l'Alliance. L'affaire du convois Shankar n'a pas fuité dans l'unisphère et le grand public n'est au courant de rien.
Nous pouvons nous servir de l'intervention des Yruliens à l'Atrium pour prétexter une aide à leur nation dans l'optique d'un rapprochement diplomatique entre la Ligue et l'Alliance.
La Ligue désirant coloniser une planète de leur espace est confrontée à une faune dès plus hostile qu'elle n'arrive pas à maîtriser.
L'Alliance en tant qu'alliée de la Ligue propose donc ses services en envoyant une force militaire coalisée dont le Cercle et le Drall feront notamment partis. Je pense, comme l'a dit d'Arnor, que nous devrions nous limiter aux opérations spatiales sans envoyer de troupes au sol. Cela sera réservé aux Yruliens et Hermices.
La mission officielle sera donc d'éliminer la menace krim pour permettre aux Yruliens de s'installer.
- Avez vous pensé à la possibilité que notre opération puisse échouer ? Je veux dire, si l'Alliance venait à perdre contre les krims cela enverrait un message très néfaste à tout l'univers.
- Nous n'échouerons pas, je pense que la coalition des plus puissants empires de l'Alliance ne pourra échouer.
- Mais comme nous l'avons dit précédemment les krims nous reste encore en grande partie inconnu. Même si nous les considérons officiellement comme des animaux il ne faut pas oublier qu'ils ne le sont pas. Même avec l'aide des Hermices ou des Yruliens nous ne savons pas encore totalement où nous allons mettre les pieds.
Qu'arrivera t-il si l'Alliance venait à perde contre de simple animaux ? »

Aucun ambassadeur autour de la table ovale ne répondit.

« Et que ce passera t-il si l'opération venait à s'éterniser ? Si cette opération en appelait de nouvelles et qu'elle ne mettait au final que le feu aux poudres pour déclencher un conflit généralisé ?
- Le risque est nécessaire. »

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« -Curieux de voir ceux qui ne voulaient pas qualifier cette intervention de guerre se préoccuper en revanche d’une éventuelle défaite… Mais passons. »

La voix d’Arnor était légèrement ironique, vint redevient immédiatement sérieuse quand il s’agissait de discuter de sujets stratégiques.

« -Il y une grande différence entre une intervention au sol et dans l’espace. Une fois que vous êtes engagés au sol, vous êtes empêtrés dans un conflit jusqu’à la victoire totale… Ou la défaite. Nous éliminons donc déjà un risque ici. Le combat spatial est tout autre, et ayant déjà servi dans la Flotte Coalisée, je sais comment cela se passe. Si vous perdez un combat, il vous suffit, pour simplifier, de retirer vos vaisseaux et de ne pas revenir dans le coin. Les Krims n’auront pas l’avantage du terrain. Cela jouera véritablement à la tactique et la puissance de l’armement. Avec les données déjà collectées par le Cercle et celles de l’Empire Hermice, je peux vous assurer que nous avons de quoi nous battre efficacement contre les Krims. A partir du moment, qui arrivera vite, où nous aurons détruits quelques cibles Krims… On ne pourra pas vraiment parler de défaite puisque nous aurons remplit nos objectifs. Quand à un possible conflit généralisé… A l’heure actuelle, aucune civilisation, aussi puissante soit-elle ne pourrait résister si six nations, de puissance au moins égale, l’attaquant sur plusieurs fronts. Je dis six, car j’ai espoir que le Drall et le Cercle ne seront pas les seuls à s’engager au nom de l’Alliance. »

Comme à son habitude, Arnor marqua une pause, puis se tourna vers l’ambassadeur de la Royauté, quelque peu soucieux.

« -Ambassadeur Armass… Je dois vous avouer mon inquiétude sur un point. Je vais partir du fait, ne soyez pas offensé, que la Royauté va démissionner de l’Alliance pour protester contre ce conflit. Vous allez ensuite vous lancer dans des tentatives de pourparlers avec les Krims. Soyez conscients que nous ne pourrons pas assurer votre sécurité, bien que le Cercle soit prêt à agir en sens, ainsi que d’autres, j’en suis sûr. Mais en renonçant à l’Alliance, vous renoncez dans le même temps à ses accords de défense. Officieusement, c’est une autre histoire, mais je tiens quand même à le préciser. Vous allez envoyer des vaisseaux non armés, dans une zone de conflit, face à une nation considérant toutes les autres comme hostiles, n’ayant jamais pris contact avec le reste du monde, et ayant fait la sourde oreille à toutes les tentatives de communication. Je me demande juste si cela est raisonnable. »

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L'ambassadeur de la Royauté lança un regard ??? à son homologue du Cercle.

« Sieur d'Arnor, je vous remercie de vous inquiétez de notre sort mais bien que nous soyons pacifiques nous n'en sommes pas idiots pour autant. De plus la Royauté possède des accords de défense hors Alliance.
Pour finir, ce que compte faire la Royauté ne vous regarde pas, alors si vous le voulez bien, préoccupez vous de votre guerre plutôt que de notre paix. »

La réponse sèche de Armass lança un froid dans la salle de réunion. Bien qu'il arborait un léger sourire le ton de sa voix laissait bien transparaître la rancœur qu'il avait vis à vis de ces débats belliqueux.
Seul Lusirus Gomor osa briser le silence.

« Bien, pouvons nous procéder au vote pour une aide militaire à la Ligue de Davos dans le cadre d'une colonisation planétaire ?
Si le vote est positif nous pourrons alors entamer des démarches auprès de la Ligue pour s'entendre sur les modalités de l'opération, puis nous pourrons lancer un appel à l'Atrium pour former une coalition parmi les différentes armées de l'Alliance. Quatre alliés en plus du Cercle et du Drall me semble correct. Le Drall, et je suppose le Cercle aussi, ne comptent pas envoyer plus d'une dizaine de bâtiments de guerre, c'est une action de l'Alliance dont les forces seront réparties équitablement.
Pour les troupes au sol j'ai dans l'idée de demander l'aide aux Hermices qui nous ont déjà prouvé leur loyauté en nous aidant. La ligue les assisterait.
Nous nous engageons dans un même temps à ne pas déposer de troupe au sol, quelque soit l'issu des affrontement terrestre.
Quelqu'un a t-il des choses à redire ? »

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D’Arnor prit note de la réaction de l’ambassadeur de la Royauté. Même si on cherchait à l’aider, il ne voulait rien savoir, rien entendre. Dans ce cas, d’Arnor allait cesser de luiproposer aide et issue de secours, comme il l’avait fait jusqu’à alors, dans la mesure de ses moyens.

« -Pour ma part, rien à redire en ce qui concerne les troupes au sol. La Ligue et l’Empire Hermice devraient être partants, si pendant ce temps nous nous occupons de la maitrise de l’espace environnant. Mais sur ce point ambassadeur…. Je vais être direct… Vous n’êtes pas sérieux ? Dix vaisseaux ? Êtes-vous sûr d’avoir lu les rapports du Cercle sur les dernières opérations ?»

D’Arnor avait failli se donner un coup sur la tête en entendant ça. Dix vaisseaux pour assurer la sécurité d’une opération planétaire de grande envergure, et pour détruire des flottes ennemies ?

« -Ambassadeur, dois-je vous rappeler que la Sixième Flotte a du faire à un groupe de combat de la Suprématie alignant quinze destroyers, cinquante frégates, et plus de soixante-dix corvettes ? Contre ça, vous comptez n’envoyer que dix vaisseaux ? La Sixième Flotte que nous avons déployé, c’est près de cent vaisseaux à elle seule, dont quinze croiseurs et un croiseur amiral. Rajoutez autant d’unités lourdes si vous comptez nos unités repositionnées près de nos frontières depuis l’escalade des tensions dans ce coin de l’univers. Et ne venez pas me dire que ce que nous avons envoyé est démesuré face à la menace, cela ne représente même pas un tiers de notre force de frappe. Vous comprenez maintenant, quand je disais que tout le monde n’était, au final, peut-être pas si déterminé que ça ? Une flotte de guerre, cela représente un énorme cout d’entretien, et tous les empires n’ont forcément les moyens de fournir un tel effort de guerre. Si le Cercle intervient, ça sera bien une des Flottes Coalisées qui entrera dans l’espace territorial de la Suprématie, tout au moins une bonne partie. Alors j’attends que les autres empires, surtout ceux de l’importance du Drall, s’investissent en fournissant plus que dix vaisseaux, quand bien même dix croiseurs. N’oubliez pas qu’à la base, la seule chose que nous demandions, c’était un droit de réponse direct. Maintenant, vous avez voté un conflit contre les Krims, il faut en assumer les conséquences. Car avec dix vaisseaux par empire, je peux vous assurez que cela reviendrait à attaquer un croiseur avec une frégate : si six empires participaient, cela ferait un total de soixante vaisseaux, pas de quoi réellement inquiéter la Suprématie. A la rigueur, peut-être mettre en difficulté un groupe de combat, et encore ! Au prix de combien de vies sacrifiées inutilement, alors que si nous l’avions voulu, nous aurions pu empêcher l’ennemi de tirer un seul coup ? Et dans le pire des cas, en supposant que les Krims déployer une flotte entière, selon les critères du Cercle, alors nous courrons à notre perte. »

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« Eh bien soit, si le Cercle veut envoyer plus de navire c'est très bien.
Si votre civilisation est en pleine croissance et qu'elle dispose de ressource infinie lui permettant de faire chaque mois toutes sortes d'opérations militaires vous avez de la chance.
Comme vous venez de le dire, une flotte de guerre coûte cher. Le budget militaire du Drall est actuellement limité car nous sommes en temps de paix, la guerre n'est pas la priorité de mon gouvernement, d'autres domaines nous préoccupent bien plus comme la santé, l'éducation ou le soutient économique de nos entreprises.
Le principe d'une armée coalisée est justement de répartir les coûts.
Si six mondes de la monde envoient une dizaine ou quinzaine de navires on peut rapidement arriver à former une flotte d'une centaine de bâtiments avec l'aide des Yruliens et des Hermices.
De plus nous n'avons pas voté une guerre, mais une simple aide à la Ligue de Davos, alors ne nous parlait pas d'effort de guerre.
Notre objectif ne sera pas la base militaire que vous avez étudié.
L'idée c'est de porter un message, de montrer que l'Alliance est présente. Il nous faut un objectif plus simple que de s'attaquer à toute une armada. Un avant-post krim sur une petite planète isolée peut faire l'affaire.
Plus nous nous attaqueront à gros et plus ça sera compliqué. »

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D’Arnor fit légèrement pivoter le fauteuil sur lequel il était assis, avant reposer les mains sur la table. Il se remémora rapidement les précédentes paroles du représentant du Drall, se rendant vite compte que quelque chose ne collait pas.

« -Ambassadeur… Pardonnez-moi de vous importuner avec ces détails mais… Vous dîtes là que vous désirez vous attaquer à un petit avant-poste Krim sur une planète isolée, juste pour montrer que l’Alliance est présente… Et pourtant, vous avez dit auparavant, je cite, qu'une action de grande envergure s'impose. Vous avez enchainé en disant qu'il serait favorable pour tous de travailler à éradiquer un ennemi commun. Et vous concluez en désignant comme cibles plusieurs planètes habitées d’un même secteur, sous prétexte de la richesse de leurs sous-sols. Ces deux actions sont à l’opposée l’une de l’autre, tant concernant la puissance de feu à fournir que sur le message qu’elles revoient…. Je ne fais que reprendre vos mots, ambassadeur, mais n’y aurait-il pas un petit problème de cohérence ? Êtes-vous sûr de ce que vous voulez ?»

Si le ton de la voix était neutre, l’ironie était palpable. Gomor semblait s’emmêler les pinceaux dans ses propres dires, et d’Arnor ne comptait pas laisser passer la chose de la sorte. Il était impossible pour d’Arnor de prétendre qu’il ne cherchait pas à mettre son interlocuteur en difficulté, car c’était aussi ça, la diplomatie. Ce n’était pas malgré tout pas dans un esprit revanchard, mais bien parce que la vie des milliers d’hommes allait en dépendre.

« -Le budget militaire du Cercle n’est pas non plus illimité, mais il vrai que ces dernières années, l’escalade des tensions dans ce secteur lui a redonné de l’importance. Si vous voulez savoir ce que vous devez envoyer, alors il faut savoir ce que vous comptez faire. Attaquer un avant-poste avec une trentaine d’unités légères, ou détruire le potentiel de guerre ennemi avec plus de cent unités lourdes ? Croyez-moi, je cherche juste à m’assurer qu’on ne risquera pas inutilement la vie des spatiaux et fusiliers à bords des vaisseaux que nous allons envoyer… Je vous accorde quand même que puisqu’il s’agit d’une opération combinée, et que les forces se cumuleront, qu’il ne nous ait pas nécessaire de déplace une flotte de combat comme nous l’avons fait. Néanmoins, je pense qu’il faut envisager une contribution comprise entre quinze et vingt bâtiments par empire. Cela permettra à la fois d’assurer la réalisation d’opérations d’appuis-feu, chaque empire pouvant opérer indépendamment des autres si besoin ; mais si besoin est, cela offre une puissance de feu suffisante pour faire face à un groupe de combat Krim conséquent. Dans ce dernier cas, cela n’empêchera pas la mort de dizaines, voire de centaine de spatiaux. »

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« Ne jouez pas les idiots d'Arnor. »

Lusirus voyait très bien ou voulait en venir l'ambassadeur Shankar : décrédibiliser son homologue pour asseoir son autorité et montrer que c'était lui le patron, technique courante chez les diplomates peu habiles.
Depuis le début les Shankars voulaient prendre les choses en mains sans se préoccuper beaucoup du reste de l'Alliance, après tout c'étaient eux les plus concernés par le conflit qu'il allait débuter étant donné qu'il allait se dérouler à leur frontière.

« Je parlais sur le long terme. Si nous voulons éradiquer la menace krim il faudra peut être penser à agir tous ensemble et sur plusieurs mondes.
Pour le moment, il faut se contenter d'une première action sur un objectif à notre porté, qui ne demande pas des ressources faramineuses.
Comme je l'ai déjà dit, officiellement nous ne sommes pas en guerre, il ne faut pas commencer par déployer toute notre force militaire. Il s'agit d'une simple aide à la Ligue de Devos. »

Un court silence après la prise de parole de l'ambassadeur Tépès signifia que le débat était clos et que plus personne n'avait rien à redire.
Un ambassadeur proposa alors de passer au dernier vote de la séance.
7 mains se levèrent en faveur de « l'aide » à la Ligue de Devos, seul Heliott Armass laissa ses membres sur la table.

Ainsi débuta la guerre qui allait opposer l'Alliance aux Krims.

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