FL 110 [Libre]

"Reveillez-vous !
"Sommes nous déjà en approche de la frégate ?"

******

C'était trop simple n'est-ce pas ? Dans quoi je me suis embarqué ?

Et comment un engin pareil à put dériver jusque là sans s'écraser en chemin d'abord ?

"C'est impossible j'ai moi même désactivé la balise automatique. Les pièces prélevées avant mon arrivées comportait tout le nécessaire à l'installation d'une quelconque mesure d'urgence automatique."

"Les pièces prélevées avant votre arrivée ?"

"Évidemment, avez vous conscience de l'age de cet appareil mon amie ? Mais rassurer vous, des amateurs, rien de plus. Des ferrailleurs tout au plus, ce qui donne sa véritable valeur de la frégate est toujours sur place."

"Vous l'ignorez peut être mais j'ai mené mon enquête avant de vous choisir. Votre nom est murmuré sur bien des colonies de l'empire. J'attends de vous d'avantage de professionnalisme. Les choses sérieuses n'ont pas encore commencé." Il se tourna vers le pilote dont le regard n'avait pas quitté le vide spatial. "Le mieux à faire est d’accélérer, nous sommes tous à cran et plus tôt nous nous mettrons au travail mieux ce sera."


******


"Excuse toi."

"Dhanum t'es sourd ou quoi ?"

Spoiler:

« Vous allez avoir de mes nouvelles ça je peux vous le dire !
- Retournez vous asseoir à l'arrière Monsieur Ziblon, vous n'avez rien à faire dans la cabine de pilotage.
- Je vais parler de vous à votre employeur. 2 jours de retard, c'est scandaleux !
- Ecoutez, c'est un appel de détresse, d'après les codes de navigation de l'Alliance nous sommes obligé d'intervenir. Si vous allez parler à mon employeur il vous dira que j'ai raison. »

Un grand sourire s'afficha sur le casque de Garande alors que les sourcils de l'Yrulien se froncèrent.
Il finit par quitter le cockpit en rouspétant.

« Commence à me plaire ces Yruliens. »

Korin ne répondit rien, occupait à regarder l'océan d'étoile qu'affichait la vitre de l'habitacle.

« Héhé, ils doivent rager. Je crois qu'ils vont être en retard à leur petit rendez-vous, on arrivera avec presque une semaine de décalage sur le jour prévu avec l'aller-retour. Faut toujours anticiper ça quand on voyage dans l'espace, mais forcément ces touristes là ils savent pas. »

La Korilienne finit par tourner la tête vers son capitaine.

« Garande. Tu peux m'expliquer ce détour qu'on fait ?
- Bah, c'est un appel de détresse et d'après le co...
- Ne te fout pas de moi, tu ne respects jamais ce code. Pourquoi cette fois là tu veux faire un détour de plus de quatre jours ? »

L'Hermice resta silencieux un moment.

« D'après Compas il s'agit d'un code de SOS très anciens. Ce qui veut dire ce navire dériverait depuis longtemps dans l'espace. Il n'y a sûrement personne à sauver là bas.
- Quel est l'intérêt alors ?
- Korin, ne fait pas la naïve, imagine ce qu'on pourrait trouver sur ce vaisseau ? On pourrait toucher gros.
- Imagine qui d'autres ce message de détresse a attiré ? C'est peut être un piège tu l'as imaginé ça ?
- Pppfff. De toute façon, rien ne peut résister au Ribleur. »

Garande caressa le tableau de bord devant lui comme s'il caressait la peau d'une femelle Hermice.

« Tu es parfois pathétique avec ce vaisseau.
- Ne l'écoute pas, elle est juste jalouse. »

La porte du cockpit s'ouvrit et un nooros entra.

« Qu'est ce qui s'est encore passé avec monsieur Ziblon ?
- C'est un impatient, voilà c'est qui s'est passé.
- Ils vont arriver avec 5 jours de retard, c'est plus de la patience que tu leur demandes là.
- Je ne peux faire autrement Doc, nous sommes en mission de sauvetage à présent. Des vies sont en jeu !
- Compas m'a expliqué ton plan. Tu es un escroc. »

Doc reparti de là où il était venu.

« J'ai pas bien entendu. Il a dit escroc ou héros ?
- A ton avis ?
- Il a du dire héros, ça me semble bien plus logique. »
Le Presque se tenait debout derrière Korin et Garande toujours assit aux sièges de pilotage.

« Le navire en détresse devrait apparaître au radar dans quelques minutes.
- On le voit déjà au loin, c'est le point noir là bas.
- Je repère aussi une autre présence
- Quelle signature ?
- Hum, ça semble être du Asréen. Marchand apparemment.
- Des pirates planqués ?
- Je ne peux encore le dire capitaine. »

Garande lança un regard à Korin.

« Qu'est ce que je t'avais dis ? Nous sommes pas seul ici. Tu nous envois à la mort encore une fois.
- Comment ça encore une fois ? Je te signale qu'on est encore jamais mort.
Compas, envoi un message au second navire. Demande leur de s'identifier et de demander la raison de leur présence ici.
- Très bien, je vais l'envoyer en langue standard et dans toutes les langues asréennes que je connais. »

"La frégate est en vue, je lance un scan ..."

Le Sûl Varth sursauta alors que plusieurs étincelles jaillirent du tableau de commande.

"Suly ?"
"Bon sang qu'est ce qui se passe encore ?"
"Avarie des générateurs. La puissance des boucliers est en chute libre."
Coupe les moteurs.

L'Asréenne prit place aux côtés de son pilote afin de comprendre ce qui venait de se passer. Les indications des moniteurs vacillantes et incomplètes mirent quelques secondes avant de disparaitre en même temps que l'éclairage, plongeant le cockpit dans le silence le plus complet.

"Madame, ce n'est pas tout. Nous ne sommes pas seuls."


Les Vrells plus jeunes et plus féroces avaient sous estimés la force naturelle et l’expérience du vieil Asréen. Après plusieurs échanges virils c'est pourtant l'un d'entre eux qui parvint à placer son arme directement devant l'oeil unique du vétéran.

"Tu te crois superieur à nous ? Ta race perds toute sa splendeur loin de ses précieuses citées Asréen."


Il ne répondit pas, se contentant de fixer l'arme, comme pour la mettre au défi de tirer. Un claquement sonore puis toute lumière disparue, il était évident que l'asréen pendant un cours instant esquissa la menaçante expression qui correspondait à un sourire pour sa race. Plusieurs chocs et la situation changea. Lorsque que les lueurs bleue des générateurs secondaires s'activèrent, l'armes avaient changées de main et l'exécution tourna à l'impasse.

[Krull, emmenez vos guerriers aux cabines de tir immédiatement. Nous redémarrons les systèmes ici, en l'attente d'ordre supplémentaire j'aimerais que vous vous teniez près à ouvrir le feu sur les coordonnées que je vous envois. Nous ne sommes pas les seuls sur place. Vassel, rejoignez moi en salle de pilotage, tout de suite !]

Quelques secondes à se toiser, à se jauger, et chaque arme fut rangée. Vassel émit un long sifflement et prit la direction opposée des Vrells qui dans tout leur professionnalisme se ruèrent vers leurs postes respectifs.


"Combien de temps avant la reprise ?"
"Il faudrait relancer manuellement depuis la salle des machines, j'imagine qu'il va falloir rediriger pas mal de système madame. L'excès de puissance offerte aux boucliers est à l'origine de la panne et l'incompatibilité du scanner ... Retenons pour la prochaine fois que les boucliers doivent être à leur minimum pour ..."
"Tu peux aller arranger ça ?"
"Tout de suite."

Vassel croisa le Sûl Varth en pénétrant à son tour dans la pièce.

"Approchez. Je vous présente l’intrus, ça vous dit quelque chose ?"

Le vétéran se pencha au mieux pour examiner le navire au loin. Il aurait voulu lui répondre qu'ils avaient devant eux un amas de débris métallique de la même espèce que le leur mais il préféra se montrer plus diplomatique après l'altercation avec les Vrells.

"Un navire civil, jamais rien vu de tel. Surement des marchands d'une quelconque espèce."
"Ou des pirates."
"C'est une possibilitée. Nous n'en serions pas là si le signal avait été convenablement désactivé."

Elle avait prononcé ces derniers mots sèchement à l'intention de leur employeur, modèle de discrétion dans un coin d'ombre.

Plusieurs bips sonores et lumières de différentes couleurs réapparurent sur les écrans, le Sûl Varth avait de toute évidence plus de talent que son salaire ne le laissait penser.

Une communication entrante.
Écartez vous.

L'asréenne pris place alors que les Vrells exprimaient leur impatience quand à ouvrir le feu. Ses doigts tapotèrent un moment sur le siège.

"Ils réclament une identification, rien d'officiel il faut croire. On se test n'est-ce-pas ? Il y a un coup à jouer. Le labre ne possède pas de signal d'identification il va falloir faire preuve de sociabilité messieurs."

Le vétéran haussa les épaules et s'approcha de la femelle.

"Laissez moi faire."
Mais je vous en prie.

[Asral imperial]* Ici l'inquisiteur impérial Vassel à bord du cargo impérial "la main bleue". Ceci est une opération officielle de l'empire colonial asréen. La frégate à proximité est déclarée sous quarantaine par l'empereur et doit être reconduite à la capitale. Toute tentative d'intrusion sera jugée comme une attaque directe envers l'empereur et sanctionnée en tant que telle. Merci de votre collaboration.*

Vassel quitta le siège après avoir envoyé sa réponse.

"Vous faisiez partie de l'inquisition ?"
"J'ai été engagé pour mes connaissances relatives à la cible."
"Je pensais que vous étiez une sorte d'ancien technicien."
"Vous n'avez pas demandé. Le problème n'est pas arrangé pour autant, l'inquisition aurait capturé la bâtiment jusqu'à la fin des opérations, nous ne pouvons pas nous permettre de telles menaces ici n'est ce pas ?"

[Les systèmes sont entièrement rétablis. J'ai relancé manuellement la charge des boucliers, il est préférable de ne pas relancer les moteurs et d'éviter l'utilisation abusive de l'armement jusqu'à sa charge complète. Si ça grille encore ici je ne pourrait pas faire grand chose.]

La cabine de pilotage resta silencieuse jusqu'à ce que Compas récupère la réponse pour la traduire en langue standard.

« Il s'agit d'un cargo de l'empire Asréen commandait par l'inquisiteur Vassel en mission de récupération. Il déclare que la frégate est sous contrôle de l'Empire et nous menace de représailles pour toutes tentatives d'intrusion. »

Garande resta silencieux. Entre temps le Ribleur s'était rapproché un peu plus près du navire qui se présentait comme un cargo officiel de l'Empire Asréen.

« Hum... ça un cargo de l'Empire ? On dirait... une sorte de Divarius modifiée. Ça m'étonnerait que les Asréens aient dans leur rang des cargos aussi pourris.
- Tu crois qu'ils mentent ?
- Non, je sais qu'ils mentent. C'est évident, regarde cet engin. Si c'est vraiment une mission officielle de l'Empire jamais ils n'auraient envoyé qu'une seule petite frégate comme ça pour récupérer un navire aussi important. Il ne s'agit clairement pas d'une mission de sauvetage.
- Des pirates ?
- Ou des opportunistes.
- Comme nous.
- Et je ne comptes pas leur laisser le butin comme ça. »

L'Hermice réfléchit quelque instant sous le regard de Korin.

« Compas, répond leur que selon le code de navigation de l'Alliance nous nous devons de nous assurer de la sécurité du navire en détresse et qu'aucun autre navire de peu prétendre à un quelconque pouvoir sur celui ci.
- Tu bluff ou tu as vraiment lu ce code ?
- Quand j'ai prit les commandes du Ribleur je voulais être un capitaine exemplaire.
- Ça fait longtemps que tu as abandonné cette idée n'est ce pas...
- Compas, dit leur que si nous n'avons pas de message du navire en détresse pour nous signifier que tout est okay nous nous devons de rester pour vérifier. »

A nouveau quelques instants de silence avant que Compas ne confirme le message envoyé.

« J'ai envoyé le message en Asral Impérial, la langue utilisée dans la réponse.
- Bien. Restez bien sur vos gardes, on peut s'attendre à une riposte à tout moment.
S'il s'agit de l'Empire ils ont connaissance du code de navigation et feront en sorte de s'y contraindre. Si ce sont des pirates ou autres notre réponse ne risque pas de leur plaire. »

Le Vrell compressait les commandes de tirs comme pour insuffler sa propre force dans une attaque qu'il ne pouvait plus retenir. Aussi silencieux que ses deux compagnons, il avait déjà trop attendu durant le trajet et ne permettrait pas l'intrusion de quelconques empêcheurs de tourner en rond. Sur le petit moniteur qui se tenait au dessus de sa tête, le visage des deux autres apparaissait derrière quelques inscriptions intraduisibles en asréen. Il grogna et leur adressa un signe de tête, tout trois étaient d'accord.


"Qu'est ce que c'est que ces conneries ?"
"Il semblerait qu'ils ne soient pas tombés dans le piège."
"Des ennuis ... Nonnonononon ..."
"Calme toi Sully. Nous allons pouvoir passer à la partie la plus interessante."
"Vous devriez me laisser gérer cela. Nous devons acceder à leur requête tout en gardant la situation sous contrôle."
"Avec tout le respect que je vous dois Vassel tu as déjà tenté votre chance."

Le vétéran fit rouler son œil et s'écarta à l'image de leur employeur. L'asréenne n'eut pas le temps de donner ses instruction, trois salves de lumière bleue jaillirent du néant en direction du vaisseau étranger.

"Qu'est ce que ! Les vrells ! Sully, désactive leurs armes tout de suite."
"Madame. des armes secondaires activées manuellement. Elles ne font pas partie du système je ne peux rien faire d'ici !"
"Je m'en charge."

Vassel sorti de la pièce d'un pas lourd, il était temps d'inculquer quelques notions de discipline martiale à ces mercenaires.

[Ici votre capitaine, Krull cessez le feu immédiatement. Je répète cessez le feu immédiatement !]

"Qu'elle aille se faire voir sur Ledipodia ! Visez les réacteurs on va se les faire !"

Concentré sur sa cible, le Vrell n'entendit pas la petite porte s'ouvrir derrière lui, il sentit à peine la lame froide et acéré pénétrer dans sa nuque, alors qu'après s'être crispées une dernière fois, relâchèrent leur étreinte sur les commandes.

La carcasse du Ribleur tremblat sous l'impact des rayons lasers.

« Les enfoirés j'en étais sûr !
Compas, quelles sont les dégâts ? »

Le Presque, relié directement aux systèmes du vaisseau prit quelques secondes pour vérifier l'état du navire.

« Aucun, nos boucliers ont bien résisté. Les salves n'étaient pas très puissantes.
- Ça ne va pas se passer comme ça. En position d'attaque pour une riposte. Charge les canons du flanc gauche j'active les moteurs latéraux. »

Korin et Garande se mirent à pianoter sur leur console et à pousser quelques leviers.
Dans le vide de l'espace le Ribleur commença ses manœuvres avec une agilité étonnante pour un engin de cette taille.
Dans l'habitacle les deux pilotes étaient concentrés mais furent dérangés un nooros stressé.

« Qu'est ce qui se passe ?! Monsieur Ziblon est complètement paniqué !
- Une attaque. Sûrement des pirates. T'inquiètes pas le vaisseau n'a rien et on va riposter, retourne à l'arrière avec les Yruliens.
En position ?
- Paraît. »

L'affrontement était mauvais pour les affaires, mais Garande n'attendait que ça quand il voyageait. Cela faisait des mois que les canons du Ribleur n'avaient pas servi.
Il s'apprêta à activer la rangée de turbolaser qui habillaient le flanc gauche du vaisseau.

« Attend !
- Quoi attend ? »

La korilienne retint le main métallique de l'Hermice au dessus du bouton de mise à feu.

« Tu ne trouves pas bizarre qu'ils ne tirent pas plus ?
- Non, t'as vu leur épave ? Ils doivent avoir une panne.
- Si se sont des pirates ce vaisseau ne dispose pas que d'un canon et qu'un générateur, c'est impossible que tout tombe en panne comme ça.
- A quoi penses tu alors ? Le Capitaine s'est trompé de bouton ? Il a voulu se faire un café et il a appuyé sur le bouton de tir sans faire exprès ? »

La korilienne resta silencieuse, fixant le casque de l'exosquelette de l'Hermice.

« J'ai le sentiment que nous allons faire une erreur si nous ripostons.
- Tes sentiments ne nous ont pas toujours sauvé Korin.
- Fais moi confiance Garande. Envoyons leur un dernier message avant. S'il te plait. »

Au tour du capitaine de rester silencieux, la main toujours prête à appuyer sur le bouton de mise à feu. L'Hermice et la korilienne restèrent à se fixer un court instant qui, dans un tel moment, passait pour durer des heures.
Finalement, Garande se renfonça dans son siège.

« Très bien. Compas, envois leur un message. Dit leur de cesser le feu ou nous riposterons avec ardeur. »

Sully s'enfonça dans son siège avec ce qui se faisait le plus proche d'une expression de soulagement.

"Il semblerait que nos chers amis aient décidé de ne pas ouvrir le feu dans l’immédiat. Je ne saurait que vous conseiller de calmer les ardeurs de nos joyeux compagnons madame."

[Vassel ? Ou en est la situation avec Krull ?]

Le vieil asréen occupé à désarmer les deux Vrells restants pour les mettre à l'isolement recula de quelques pas le temps d'annoncer que la situation était sous contrôle. Il avait pris l'habitude malgré son sens de l'initiative, de ne jamais donner trop de détails sur la méthode tant que le résultat était présent.

"Madame ?"

L'asréenne fit mine de réfléchir un moment, son œil roulant de la console de pilotage au vaisseau des intrus.

"Nous sommes tout de même arrivés les premiers n'y a-t-il pas de loi concernant la récupération ?"

Elle ne répondit pas, elle connaissait à peine les lois impériales alors n'imaginait même pas avoir à improviser sur une ligne de conduite pseudo commerciale. L'asréenne suivit alors la seule règle qu'elle ait toujours connu, l'audace d'une improvisation instinctive.

"En effet Sully, nous sommes arrivés les premiers. Débrouille-toi pour nous placer directement entre eux et la frégate."
" Bien madame, le temps d'effectuer quelques calculs sur la progression anarchique d'un immense morceau de ferraille en espérant bien sur que les autres la haut ne nous pulvérise pas d'ici là."

Le Labre grinça doucement, entouré d'une légère fluctuation argentée autour de sa coque indiquant le bon fonctionnement des boucliers. Il décrivit une légère courbe comme s'il prenait la fuite avant de revenir sur une ligne parallèle à l'épave.

"Dois-je préparer la batterie principale à faire feu ?"
"Combien de temps ?"
"Difficile à dire, de 40 secondes à un peu plus d'une minute je suppose. A condition de ne pas essuyer d'attaque. Une nouvelle surcharge et quoi qu'il arrive, le Labre sera la prochaine épave à la mode pour les visites de pirates et marchands opportunistes."
"Nous ne devrions pas avoir à ouvrir le feu. Ne t'en fais pas Sully, ce n'est pas parce qu'il ne peut pas tirer que ce petit monstre ne peut plus attaquer. Continue à manœuvrer et ré-ouvre une ligne de communication, nous allons tenter de reprendre à zéro."

[Ici Kaltys Aramor d'Argos, capitaine du Labre. Mes excuses pour ce léger incident totalement indépendant de ma volonté. Je suis sur et certaine à la vue de votre réaction que nous pouvons trouver un arrangement. Il serait aisé de croire que ce bel appareil que vous dirigez puisse avoir l'avantage sur ce trésor de noblesse et de caractère qu'est mon navire, cependant, nous avons à notre bord un technicien ayant déjà opéré sur l'épave de la frégate et possédant une connaissance parfaite de l'appareil et de ses dispositifs. A ceci j'ajouterais, même si vous le savez surement déjà, qu'un tel signal de détresse ne peut qu'attirer d'autres preux capitaines vers nos coordonnées. Vous la savez aussi, certains sont bien moins ouverts à la coopérations que nous autres, aussi le temps passé à discuter ici nous est précieux.]

Sa mâchoire s'écarta sur les côtés dessinant le sourire de cette espèce, elle changea de canal pour demander à Vassel de revenir dans le cockpit. Le Labre après sa brutale accélération décéléra lentement pour s’aligner progressivement sur la trajectoire de la frégate.

"Nous approchons. Quel est le but de cette manœuvre ? Nous ne pourrons jamais approcher assez près pour débarquer sans se faire abattre."
"Nous ne débarquons pas, c'est une vieille technique du coin. Une simple précautions, avec la frégate en fond, ils y réfléchiront à deux fois avant de nous assaisonner."

Korin souriait alors que Garande l'observait du coin de l'oeil. Que se serait-il passé s'ils avaient riposté ?

« Compas, traduit en même temps que je parle.
Ici le Capitaine Garande du Ribleur, marchand de la Guilde de Bregga.
Vous avez raison, la première chose à faire serait de désactiver le signal de détresse pour éviter de rameuter d'autres surprises.
Nous sommes disposés à aborder l'épave, mais vous êtes arrivé en premier alors à vous l'honneur.
- C'est envoyé Capitaine. 
- Alors ? »

Le sourire de Korin ne s'était toujours pas effacé.

« Mon instinct a éviter un affrontement inutile.
- Pour une fois qu'il ne fait pas l'inverse. De toute façon nous aurions écrasés leur "trésor de noblesse et de caractère" et ça aurait été légitime, si leur capitaine ne tient pas son équipage c'est son problème.
- Ne te fais pas avoir, leur vaisseau en a sûrement plus dans le ventre qu'ils ne veulent nous faire croire. »

« Ils se déplacent.
- Tu réussis à extrapoler leurs mouvements ?
- Apparemment ils cherchent à se mettre entre nous et l'épave.
- Restons méfiant, on ne sait pas ce qu'ils mijotent. Garde les boucliers à leur maximum et observons. En tout cas, je ne compte pas leur laissé tout le trésor. »

Spoiler:

Le capitaine Kaltys Aramor avait passé toute sa jeunesse à Argoss capitale de la colonie Aross, planète la plus éloignée du centre imperial. Elle avait été l'une des premières femelles de ce petit monde de travailleur à se faire un nom en tant que navigatrice en assistant quelques opérations séparatistes sans réellement prendre parti. Oui, malgré son jeune age et son manque d’expérience évident, elle était doté d'une chance hors du commun nourri par un instinct et une capacité d'adaptation remarquable. Pourtant, de toutes ses lacunes, c'était ce malaise en absence de gravité.

Elle s'était élancé du Labre à contre cœur, devinant les contours de la passerelle au delà de sa coque abimée. Maintenant le câble relié à ses propulseurs dorsaux, elle pivota sur elle même et tourna le dos à son navire pour faire face à l'épave. Le Labre sans le moindre bruit dans le vide sembla soudainement s'embraser quand les projecteurs asréens se braquèrent sur le petit groupe qui s'éloignait à grande vitesse. Ils n'étaient plus que trois : elle même dans son épaisse combinaison pourpre, Vassel portant un équipement similaire à la différence que son casque n'était pas fait d'une visière bombé mais cachait entièrement son visage. Le casque du vétéran était relié aux systèmes du Labre afin que leur employeur puisse garder son œil sur l'équipe ainsi que l’exigeait le contrat. Le troisième était l'un des Vrells, Troa. Après les derniers échanges avec le capitaine Garande, Kaltys avait pris le temps de s'occuper personnellement de la situation des Vrells, Troa était semblait-il le plus raisonnable des deux restants, ou le plus intelligent. Toujours était-il qu'il était l'homme armé du groupe dans une sorte de combinaison moulante couleur "acier" le faisant ressembler à une sorte de missile exotique.

[Largage des câbles dans 5, 4, 3, 2, 1 ... Largage]

Les trois voyageurs ralentirent brusquement et se dispersèrent un instant alors que derrière eux soufflait un énorme panache de vapeur finissant immédiatement en une queue de poussière cristallisée.

[Activez les propulseurs, alignés vous sur la trajectoire automatique]

Le panache de fumée se dispersa et le petit groupe se rassembla à l'image d'un essaim d'insectes. Ils allaient donc arriver les premiers sur l'épave, Garande était-il une créature prudente ? Préparait-il un mauvais coup ? Aucun capitaine n'aurait quitté son bâtiment dans de pareil conditions, c'est en tout cas ce qu'elle se disait et c'était justement la raison pour laquelle elle l'avait fait.

[Rectification manuelle, trois par cent, ralentissez à 50% .... 40% ...]
[C'est encore trop rapide madame, je vous avait bien dit de me laisser finir mes solutions de trajectoire avant de vous lancer.]
[Plus tôt ce signal de détresse sera désactivé, plus tôt je penserais à prendre mon temps Sully.]

Un grognement dans les système de communication indique que Vassel partageait ce sentiment. L'épave de la frégate se rapprochait, passant de l'image miniature au colossal morceau de ferraille tournant lentement sur lui même. Kaltys fit signe de maintenir la trajectoire, elle se souvenait de cet incident en gravité zéro à bord du Labre, ou elle avait failli mourir écrasée par son propre moteur. Ils étaient tout proche, 150 peut être 200 mètres de leur cible, une crevasse béante sur le flanc de la frégate, avec sa rotation, l'équivalent d'un immense hachoir à viande s'ils rataient leur coup.

[verrouillez ma trajectoire et remontez à 60%.]

Il leur restait tout juste assez de carburant pour exécuter la manœuvre. Tout trois filèrent à toute allure vers la coque en laissant passé l'ouverture devant eux. A cette distance la vitesse de rotation de l'épave était impressionnante. Tout trois épousèrent toutefois la coque et son mouvement sans trop de mal, les propulseurs furent largués dans le vide et leurs mains clignotèrent d'une lumière bleu indiquant l'adhérence de leurs gants magnétiques.

[Nous y sommes.]
[Laissez tomber la brèche, vous devriez pouvoir entrer par une sorte de couloir de maintenance à une dizaine de mètres à peine. A-710.]
[Le lancement des sondes, il va falloir avancer lentement si nous ne voulons pas arracher les combinaisons.]
[Vassel tu sais ou ça mène ?]
[Un hangar de stockage non pressurisé, s'il reste toutefois quoi que ce soit de pressurisé derrière ce blindage. Il est surement possible de rejoindre l'un des hangars depuis cette position. Il est possible que nous puissions libérer les écoutilles de manière à faciliter la suite de l'opération.]

Troa secoua un renfoncement de sa combinaison, il était confiant en ses outils et sa capacité à traverser n'importe quel obstacle offert par la frégate.

[Allons-y alors.]
[Faites attention à vous. La communication risque d'être un peu bancale une fois dedans.]
[Bien reçu, reste méfiant et annonce aux autres ... Enfin fait leur un joli discours sur le hangar qui s'ouvrira peut être, ou pas.]

Il se déplacèrent lentement toujours à l'image d'insectes parcourant un pan de mur, puis formèrent un cercle autour d'une trappe de deux mètres sur deux. Vassel ouvrit une autre trappe plus petite et après quelques manipulation parvient à leur dégagé l'accès. L'épaisse plaque d'acier bondit d'un seul coup, libérant l'accès à un couloir obscure aux parois régulièrement parsemées de petit renfoncements et de barres de freins oscillant au gré du mouvement général de la structure. Chaque combinaison émis un petit jet de lumière et toute la petite équipe s'enfonça dans l'obscurité.